Zoulikha Khouni originaire d'un petit village perdu sur les montagnes Alli Ennas de la commune de Khirène (50 km au Sud de Khenchela) est femme animée d'un esprit combatif qui défie l'indigence pour réussir sur le plan personnel et s'engager dans une action communautaire d'aide aux autres femmes rurales en vue d'améliorer leur condition. Présidant une association locale "Les doigts de la femme rurale", Zoulikha est issue d'une famille campagnarde démunie dont le père sans revenus aucuns percevait uniquement l'allocation forfaitaire mensuelle de solidarité de 3.000 DA. Une situation qui avait contraint Zoulikha à abandonner sa scolarité dès la première année secondaire pour subvenir aux besoins de sa famille. Son premier emploi fut un poste de femme de ménage dans le cadre du filet social à l'hôpital "Essaâdi Maâmar" de Chechar dans l'établissement. Elle exerça cette activité très rude pendant près d'une année en 2003 durant laquelle elle connaîtra l'incident qui changea le cours de sa vie lorsqu'un jour, confie-t-elle à l'APS, une infirmière de l'hôpital la rabaissa à cause de son niveau d'instruction. "Ces mots humiliant devinrent une source de motivation pour reprendre ma scolarité par correspondance puis l'obtention du baccalauréat", affirme Zoulikha qui ajoute avoir ensuite rejoint l'université Abbas Laghrour dans la filière "sciences administratives et juridiques" parallèlement à l'inscription à l'Institut national spécialisé de formation professionnelle "El Hadi Amrani" dans la spécialité des grandes cultures. "Durant tout ce temps, je n'ai pas renoncé à mon emploi de femme de ménage à la faveur de facilités accordées par l'administration", précise Zoulikha qui indique avoir obtenu le diplôme de technicien supérieur en grandes cultures en 2009 et, une année après, sa licence en sciences administratives et juridiques. Forte de son bagage scientifique, elle participa aux côtés de 26 autres candidats au concours d'enseignants de formation professionnelle spécialité grandes cultures et obtint le seul poste offert alors par le Centre de formation professionnelle et apprentissage "Hafdhaoui Abdelhafidh" dans la commune de Babar. Elle occupa cette fonction jusqu'en 2013, date de sa nomination au poste de chargé de gestion à l'annexe de formation professionnelle de la commune de Khirène. Plusieurs projets pour consolider les capacités de la femme rurale Sur le chemin vers le travail, Zoulikha souligne constamment voir la souffrance quotidienne de la femme rurale des localités éloignées. Et d'ajouter : "L'idée de soutenir ces femmes commençait à germer dans ma tête et 2017 avec certaines autres amies, nous avons crée une association qui se fixe pour objectif d'aider ces femmes aux situations précaires, leur trouver des sources de revenus qui leur permettent d'améliorer leurs conditions de vie". Cette association qui prit l'appellation "Les doigts de la femme rurale" lance en 2018 son premier projet de fabrication de confiture de coings dans le cadre du programme de consolidation des capacités des femmes rurales financé par l'Union européenne. "Dans un premier temps, 20 jeunes filles ont été formées à la fabrication de cette confiture, à la commercialisation et la gestion d'une petite entreprise avant l'ouverture d'ateliers de travail dans les deux communes de Khirène et Chechar", ajoute Zoulikha. En 2019, l'association, note-t-elle, lance avec le concours de l'organisation "Humanité et globalité" un second projet de fabrication de confiture de pomme par 10 femmes des localités de Chentghouma, Douar Noughiss et Ain Mimoune de la commune de Tamza dont le produits est désormais commercialisé dans les wilayas Sétif, Batna, Oran, Chlef, Tiaret, Alger, Annaba, Guelma et Khenchela. "Durant la même année 2019, l'association engage un autre projet de fabrication de confiture de genévrier, un produit vendu pour la première fois en Algérie et très demandé sur le marché au regard de ses bienfaits recherchés par les diabétiques et ceux atteints d'ulcère gastrique", ajoute encore Zoulikha. "Les femmes rurales membres de l'association ont également lancé d'autres projets pour fabrication de la confiture de jujubes à haute valeur nutritive ainsi que les huiles essentielles de la figue de barbarie, de romarin, de genévrier et du pin qui rencontrent une forte demande auprès des commerçants et consommateurs de plusieurs wilayas", assure Zoulikha. L'association "Les doigts de la femme rurale" compte aujourd'hui 452 membres de diverses villages et campagnes de la wilaya de Khenchela, assure Zoulikha qui affirme œuvrer actuellement à créer une coopérative spécialisée dans les industries de transformation dans une des zones d'activités nouvellement aménagées. L'association a signé également avec la direction de wilaya de la formation professionnelle une convention pour former des femmes aux métiers de cuisinières de collectivité et pâtissières, affirme encore Zoulikha.