Le Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (CARE) a fait part, mardi, d'une proposition pour la mise en place d'un revenu, intitulé COVID-2020, en solidarité avec les travailleurs privés affectés par la crise sanitaire engendrée par le Coronavirus (COVID-19). Rappelant que le Gouvernement a pris la décision de libérer la moitié des employés de la fonction publique tout en maintenant le versement de leurs salaires, le CARE a évoqué dans sa réflexion les employés du secteur privé, particulièrement ceux relevant du secteur informel et qui, dans l'incapacité de travailler, perdent ainsi la seule source de revenu à laquelle ils pouvaient accéder, en raison de la crise sanitaire et le confinement imposé en conséquence. Soulignant que ce problème n'était pas spécifiquement algérien, la proposition publiée sur le site web du Cercle, estime que "la résilience de la population va être mise à rude épreuve au-delà d'un mois de confinement, d'inactivité et d'assèchement progressif de ses revenus", ajoutant qu'il "parait nécessaire que l'engagement verbal des pouvoirs publics de ne laisser personne de côté" puisse être suivi d'une traduction concrète sur le terrain" Il est ainsi recommandé, selon la même source, qu'à l'image de ce qui est fait dans de nombreux pays développés ou en développement, une aide budgétaire spécifique soit apportée à cette catégorie des citoyens qui ont pu perdre leurs revenus du fait de cette crise sanitaire qui est venue frapper l'économie nationale. Pour sa mise en œuvre, le CARE s'est référé à la dernière enquête de l'Office national des statistiques (ONS), datée de mai 2019, qui estime que la totalité des personnes occupées se chiffrait à 11,3 millions, parmi lesquelles 7 millions sont employées par le secteur privé. "Supposant que 70% des personnes employées par le secteur privé qui sont touchées, on aboutit à une population de quelques 5 millions d'employés qui demanderaient à être assistées au cours d'une période que l'on pourrait, à ce stade, estimer à trois mois", note le CARE, ajoutant qu'une aide forfaitaire mensuelle de 10.000 DA, qui serait consentie durant trois mois à cette catégorie de la population, aurait un impact budgétaire de 150 milliards de dinars. Si le principe d'une telle aide venait à être retenu in fine, il reste un double écueil à surmonter, avance la réflexion, à savoir, d'une part celui de son financement et d'autre part, celui de sa mise en œuvre en l'absence de statistiques précises. Ainsi, "à un moment où le gouvernement a déjà annoncé la décision de réduire de 30% le budget de fonctionnement de l'Etat algérien, il lui est difficile d'envisager une dépense nouvelle et imprévue de 150 Mds de DA, notamment en raison de l'affaissement brutal des prix pétroliers, même si le montant peut paraître modeste au regard des 4.893 Mds de DA de dépenses de fonctionnement inscrites au budget de l'année 2020 (soit 3%)", note le CARE. Il propose, ainsi, deux solutions potentielles, la première est une contribution de solidarité de l'ensemble des employés sur le territoire national, à travers un appel à contribution à l'égard des revenus supérieurs à la moyenne du salaire national lequel, selon l'ONS, se situait à un niveau de 41.000 DA, tandis que la deuxième consisterait à recourir de manière exceptionnelle au financement non conventionnel par création de monnaie. Par ailleurs, supposant que la contrainte strictement financière soit résolue, l'autre problème encore plus redoutable qui se posera inévitablement, selon CARE, est celui de la mise en œuvre d'une mesure consistant à payer une population d'employés à faible revenu (pour l'essentiel informelle), déplore le CARE. Il propose ainsi la création d'une page web afin que les travailleurs informels puissent postuler à des aides, permettant de cibler fondamentalement tous les employés du secteur informel, ainsi que les artisans et entrepreneurs individuels ayant perdu leur emploi ou leur revenu. Pour les employés du secteur privé formel connaissant le même problème de perte de revenu, le transfert du revenu COVID-2020 pourrait être opéré via leur entreprise, selon CARE, qui précise que la procédure d'éligibilité devrait être aussi simple que possible, à base de déclaration sur l'honneur avec mention explicite de sanctions auxquelles s'expose tout contrevenant.