La pêche "Alberta", célèbre dans la localité côtière de Bousfer (ouest d'Oran), trône sur les récoltes des fruits de la région. Elle est la star de cet été par rapport aux autres espèces de ce succulent fruit, à l'instar de "Carmen", "Brugnon", "Nectarine" et la "plate", entre autres produits locaux. La pêche "Alberta", avec sa bonne odeur parfumant les zones montagneuses, connues pour leurs reliefs accidentés, son goût sucré particulier, son bel aspect et sa couleur jaune attrayante, est très célèbre à Bousfer. La région a l'exclusivité de ce produit, grâce aux agriculteurs qui ont tenu à la développer, depuis plusieurs années, et à la préserver comme héritage nécessitant la valorisation.Mohamed Belarbi est l'une des figures marquantes de cette corporation d'agriculteurs, avec plus de 50 ans d'expérience dans la plantation du fruit "Alberta". Plus connu sous le nom de Hadj Mahi dans la région de Bousfer, cet agriculteur indique que ce fruit est apparu dans la région en 1880, lorsque les agriculteurs ont commencé, à cette époque, à planter des amandiers, puis les croiser avec des pêchers, créant ainsi une nouvelle espèce unique en son genre qui a été nommée "Alberta", au nom d'une femme d'une grande beauté de cette époque. Cet agriculteur, qui continue la plantation de ce fruit et en parle avec fierté, souligne que "ce fruit n'existe qu'en Algérie, uniquement dans la région de Bousfer, berceau de ce type de pêche, ayant trouvé dans cet environnement le terreau adéquat pour son éclosion, dans une région où le relief est difficile", ajoutant que "ce fruit, résultat d'un croisement entre l'amande amère et la pêche et l'arbre fruitier, vit très longtemps, jusqu'à plus de 100 ans, et résiste à la sécheresse". Selon cet agriculteur, "la particularité de l'Alberta, par rapport aux autres espèces de pêches, est sa couleur jaune, son grand volume qui peut atteindre les 500 grammes, son noyau rouge et sa bonne odeur de musc", ajoutant que les arbres sont courts, donnant au jardin un bel aspect, en harmonie avec les autres arbres comme les pêchers et les abricotiers. "Contrairement aux autres arbres fruitiers, l'Alberta se nettoie lui-même, ses fleurs tombent durant le mois de mai et la seconde moitié de juillet et il ne reste sur l'arbre que les meilleurs fruits arrivant à maturité au mois d'août. Sa cueillette se fait d'une manière traditionnelle avec la participation de tous les membres de la famille, même les petits enfants, à partir de 5 heures du matin, évitant les moments de grande chaleur", selon Hadj Mahi. L'exploitation agricole collective de Hadj Mahi est un exemple de réussite et a connu le développement de ce type de culture de pêches qui rivalise avec toutes les autres espèces des fruits d'été dans les différents marchés, faisant la célébrité des jardins de Hadj Mahi, malgré une superficie réduite et son abandon par de nombreux fellahs. Hadj Mahi est le seul agriculteur de la région ayant conservé la culture de ce type de pêches, alors que les tentatives des autres fellahs ont échoué, et ce, pour différentes raisons, explique le délégué territorial des services agricoles de la commune de Bousfer. Lire aussi: Tizi-Ouzou: la cerisaie menacée par les maladies cryptogamiques Cette exploitation familiale, qui s'étend sur 22 hectares, compte les plus vieux arbres fruitiers " Alberta" et "300", ainsi que des abricotiers, âgés de plus d'un demi siècle et 400 pêchers de type " Nectarine" et d'autres espèces d'abricotiers, précise Belahradj Ghanem Rafik. Il ajoute que "le succès de l'Alberta dans cette exploitation réside dans le non recours à l'irrigation mais l'on compte sur l'eau de pluie. Les arbres sont à une profondeur de 2,5 mètres ce qui facilite une bonne aération et une bonne humidité". Les arbres font également l'objet d'un entretien continu, jusqu'à leur complète maturité, en dépit de toutes les conditions climatiques. Les pêchers sont très sensibles aux insecticides, aux conditions climatiques et au brouillard qui ont un effet sur le développement de l'Alberta. Un seul arbre fruitier peut donner plus d'un quintal de fruits, voire plus, si les conditions naturelles sont adéquates, notamment les pluies, indique-t-on. Fruit cherche label Tayeb Belarbi a appris de son père les techniques de culture de ce type de pêche, qui connaît un grand engouement des clients connaisseurs de la qualité de ce fruit dont le prix varie entre 400 et 500 DA le kilo. En raison de sa popularité et ses qualités nutritives, la présence de ce produit dans les salons nationaux et les expositions des produits agricoles est incontournable et constitue une occasion pour le faire connaître et le promouvoir afin que le fruit devienne une marque commerciale qui dépasse les frontières de la wilaya d'Oran et de tout le pays. De son côté, le SG de la Chambre d'agriculture d'Oran, M. Zeddam, estime que "la pêche de Bousfer est considérée comme la source de revenus de ses habitants, ce qui nécessite son développement". La commune de Bousfer est classée par le bureau d'étude du développement rural du ministère de l'Agriculture et du développement rural, comme zone montagneuse nécessitant un soutien pour son développement. La collectivité fait partie également des zones d'ombre, donc les agriculteurs ont besoin d'aide, a-t-il rappelé. Le chef de division de l'agriculture de la daïra d'Aïn El-Turck, Kamel Taghzert, considère, pour sa part, que la valorisation de la pêche Alberta dépend de l'extension de la superficie de la culture de ce fruit. Symbole de la région de Bousfer, ce fruit doit être labélisé pour créer la concurrence entre les agriculteurs, a ajouté le même responsable qui rappelle que cette daïra regorge 300 hectares de pêchers, 900 ha de pruniers et autant d'abricotiers. Lire aussi: Chlef : culture de l'arganier, une expérience pilote pour développer la filière en Algérie Le développement de la culture de la pêche Alberta et l'initiation d'une fête locale dédiée à ce fruit participeront au développement de la région de Bousfer pour devenir une zone touristique d'excellence et la "reine" incontestée de la corniche oranaise, ajoute le même responsable. Pour mettre en exergue l'importance et la valeur de ce fruit, un timbre- poste comportant l'image d'une pêche, a été édité en 2017. Pour les agriculteurs, c'est une preuve d'encouragement de la production locale et la réhabilitation de ce fruit, ainsi que son incrustation dans la société à travers les âges. "Khoukha" est porté comme prénom par de nombreuses femmes.