L'ampleur de la double explosion au port de Beyrouth qui a dévasté la capitale libanaise a relancé la contestation contre le gouvernement de Hassan Diab sur fonds d'une crise économique aigue. Des milliers de Libanais ont convergé samedi en fin de journée vers le centre-ville de Beyrouth, dans un mouvement de colère contre le gouvernement, ravivé par les explosions au port de la ville, mardi dernier, qui ont fait plus de 158 morts et 6.000 blessés. Des rues enfumées par les bombes lacrymogènes, lancées par la police, alors que des manifestants tentaient de prendre d'assaut des sièges de départements ministériels. Un membre des Forces de sécurité intérieure est décédé lors de ces incidents, indique la police libanaise. Les protestataires investissaient le ministère de l'Economie, celui de l'Energie et le quartier général de l'Association des Banques, qui cristallise la colère des Libanais depuis que ces institutions financières ont imposé des restrictions sévères sur les retraits et les transferts d'argent. Dans le centre-ville de Beyrouth, où la manifestation a dégénéré dans la soirée en violences entre protestataires et forces de l'ordre, un groupe de manifestants a envahi le ministère du Commerce, saisissant des piles de documents qu'ils ont ensuite éparpillés dans la rue. Des scènes de liesse survenues, alors que des responsables étrangers arrivaient à Beyrouth pour venir en aide au Liban. Lire aussi: Explosions de Beyrouth : des messages de soutien et propositions d'aides au Liban Concomitamment, et dans une démarche pour apaiser les esprits, le Premier ministre, Hassan Diab a proposé samedi dans un discours télévisé des élections parlementaires anticipées, seule issue possible, selon lui, pour sortir de "la crise structurelle" que vit le Liban. Appelant les parties politiques à "s'entendre sur l'étape à venir" Hassan Diab s'est dit "prêt" à continuer à assumer ses responsabilités pendant deux mois jusqu'à ce qu'ils se mettent d'accord. Hassan Diab, qui a formé son cabinet en janvier après la démission de Saad Hariri fin octobre dernier sous la pression d'un mouvement de protestation populaire compte soumettre cette proposition lundi au Conseil des ministres. Dimanche, au lendemain du discours du Premier ministre, la ministre de l'Information, Manal Abdel Samad, annonce sa démission du gouvernement. "Après l'énorme catastrophe de Beyrouth, je présente ma démission du gouvernement (...) Je m'excuse auprès des Libanais, nous n'avons pas pu répondre à leurs attentes", déclare la ministre au cours d'une brève allocution télévisée. Lire aussi: Explosion de Beyrouth: quatre avions d'aides ont décollé d'Alger Alors que le pays fait face à des difficultés économiques qui réduisent sa réponse à la crise, les donateurs internationaux se réunissent dimanche en visioconférence pour mobiliser une aide d'urgence au Liban, dévasté par la double explosion au port de Beyrouth. Les représentants de l'Union européenne, des Etats-Unis, du Royaume-Uni, de la Chine et de la Russie, entre autres, participent à cette conférence, organisée à l'initiative des Nations Unies et de la France. Pour le seul secteur de la santé, les besoins du Liban s'élèvent à 85 millions de dollars, selon les premières estimations de l'ONU. L'Algérie a été parmi les premiers pays qui ont décidé juste après ce drame l'envoi de quatre avions transportant des aides alimentaires et médicales, outre un navire chargé de matériaux de construction. De son côté, la Commission européenne a coordonné l'envoi de 300 sauveteurs spécialisés à Beyrouth et débloqué 33 millions d'euros pour les premiers besoins d'urgence.