Le Forum du dialogue politique inter-libyen, parrainé par l'ONU, débuté lundi, vise à aboutir à un règlement définitif de la crise libyenne qui renforcera le cessez-le feu et permettra d'arriver à des élections et un gouvernement unifié, selon l'ONU. Des représentants libyens de tous bords ont entamé lundi des pourparlers directs en Tunisie, sous l'égide des Nations unies, relançant l'espoir d'un accord sur un nouveau gouvernement unifié et l'organisation d'élections, après neuf ans de crise politico-sécuritaire. La représentante spéciale par intérim du Secrétaire général de l'ONU en Libye, Stephanie Williams, s'est dite "optimiste", évoquant "une lueur d'espoir". Ce Forum de dialogue politique réunit durant environ une semaine 75 Libyens de tous bords. Les participants ont été sélectionnés par l'ONU, y compris parmi les deux camps rivaux, le gouvernement d'union (GNA) reconnu par les Nations unies et basé à Tripoli, et celui de l'Est basé à Tobrouk. Le dialogue vise "un retour à la légalité dans ce pays en proie aux violences depuis 2011", et "particulièrement à parvenir à un consensus autour des modalités de gouvernance qui conduiront à des élections dans les plus brefs délais", avait indiqué récemment Stéphanie Williams. Lire aussi: Libye: Stephanie Williams "optimiste" pour le dialogue à Tunis Les participants auront aussi à choisir un conseil présidentiel de trois membres représentant la Cyrénaïque (Est), la Tripolitaine (Ouest) et le Fezzan (Sud) -les trois régions libyennes-, et un chef de gouvernement. Ils devront s'accorder sur la façon de faire valider ces nominations par les institutions libyennes. "La seule voie de recouvrement de la légalité en Libye est la voie des urnes", avait-elle déclaré en marge de la réunion de la Commission militaire mixte "5+5", tenue la semaine écoulée à Ghadames dans l'Ouest de la Libye. Le Forum du dialogue inter-libyen concorde au lendemain du cessez-le-feu signé entre les belligérants libyens, le 23 octobre dernier à Genève. Mme Williams avait rappelé récemment que lorsque les dirigeants mondiaux se sont réunis lors de la conférence internationale sur la Libye, à Berlin, en janvier de cette année, ils ont demandé à l'ONU de faciliter un processus politique et de réconciliation intra-libyen inclusif. Le Conseil de sécurité de l'ONU a approuvé les conclusions de la conférence de Berlin dans la résolution 2510, notant que l'accord politique libyen de 2015 et ses institutions devraient servir de "cadre viable" pour une solution politique en Libye, ainsi que d'autres résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et les principes. "La résolution 2510 faisait également écho aux demandes des Libyens que nous entendons depuis plus d'un an maintenant: la nécessité d'utiliser ces pourparlers intra-libyens pour mettre en place un Conseil de présidence fonctionnel et former un gouvernement libyen "unifié, inclusif et efficace", a-t-elle soutenu. Lire aussi: Libye : "la seule voie de la légalité est la voie des urnes" Pour Peter Millett, ancien ambassadeur britannique pour la Libye, le but premier est d'obtenir un accord sur un calendrier électoral de court terme. Ceci exige "un message clair de la communauté internationale" sur le fait "qu'elle sanctionnera quiconque entravera les processus". Un consensus est réalisable "si les forces étrangères s'abstiennent de toute ingérence", a relevé pour sa part le président tunisien, Kais Saied. "Le futur de la Libye est entre vos mains", a exhorté pour sa part le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, dans un message vidéo adressé aux participants. Il a appelé au respect de l'embargo sur les livraisons d'armes vers la Libye. L'ambassadeur européen pour la Libye, Jose Sabadell, qui a suivi l'ouverture en visio-conférence parmi de nombreux autres diplomates, a souligné le "soutien ferme" de l'UE. "Il y a sur le dossier libyen des signaux encourageants", "une dynamique positive", a jugé par ailleurs le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. Le pape François a exprimé dimanche l'espoir que ce dialogue mette fin à "la longue souffrance du peuple" libyen.