Les participants à la conférence de solidarité avec le peuple sahraoui, tenue mardi à Alger, ont été unanimes à affirmer que l'agression marocaine dans la brèche illégale d'El Guerguerat était "un tournant important dans le processus de la cause sahraouie", après le retour à la lutte armée. Dans une intervention lors de cette conférence organisée par le Réseau des journalistes algériens de soutien au peuple sahraoui (CJASPS), l'ambassadeur de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), Abdelkader Taleb Omar a indiqué que la brèche d'El Guerguerat n'était pas l'objectif, mais faisait partie d'une nouvelle situation dans laquelle le peuple sahraoui insiste sur l'organisation d'un référendum de décolonisation, notant que ce peuple aspire, après 29 ans, à l'indépendance. Pour le diplomate sahraoui, la brèche illégale d'El Guerguerat aurait pu être une occasion pour le régime marocain afin d'impulser une nouvelle dynamique à la solution pacifique, conformément aux résolutions onusiennes, mais "le régime colonialiste a généré une guerre dans la région, en violant l'accord de cessez-le-feu", ce qui dénote, a-t-dit, "du non respect par le Maroc desdites résolutions". Se disant consterné par les "tentatives du Maroc de faire croire au monde qu'il était victime, pourtant il était l'initiateur de cette violation de l'accord onusien", le diplomate a ajouté que "la riposte de l'armée sahraouie à l'agression était une auto-défense légitime", soulignant que la communauté internationale n'a laissé d'autre choix au peuple sahraoui que de revenir à la lutte armée. Pour le membre du Secrétariat général du Front Polisario, "le Maroc a commis des erreurs qu'il regrettera et les Sahraouis y feront face", ajoutant que "les mensonges et la désinformation ne serviront pas le Maroc, car ce dernier et la France sont responsables de la recrudescence des tensions", tout en appelant l'ONU à faire pression sur le Royaume en vue de mettre un terme aux violations et de revenir au plan de règlement à travers l'organisation d'un référendum d'autodétermination. Dans une intervention intitulée, "rupture par le Maroc de l'accord de cessez-le-feu avec la RASD... réalité et perspectives", le professeur en relations internationales, Ismail Debch a affirmé que la donne importante aujourd'hui, est que le peuple sahraoui, des villes occupées, des territoires libérés ou de la diaspora, est déterminé, plus que jamais, à recouvrer l'indépendance, " ce qui fait avorter tous les plans marocains", a-t-il ajouté. Evoquant certaines contradictions dans la politique du Maroc qui ont mis à nu la fausseté de ses prétentions, le Professeur Debch s'est interrogé: " Comment ce pays prétend que le Sahara est un territoire marocain, alors qu'il érige un mur de séparation et soulève l'idée de l'autonomie , d'autant que la chose la plus grave est que ce pays agresse un pays membre de l'Union africaine (UA) et viole, ainsi, tous ses engagements envers l'instance africaine". L'enseignant à l'Université d'Alger parie toutefois sur les Organisations non-gouvernementales (ONG), pour éclaircir la véritable image de la situation au Sahara Occidental, notamment en ce qui a trait à l'échec du Maroc dans cette guerre, d'autant qu'une prise en main de la situation par l'armée sahraouie qui remporte d'importantes victoires semble se dessiner, en dépit du blackout marocain. Livrant des pronostics sur les développements de la situation après l'agression d'El-Guerguerat, M. Debch affirme que " le Maroc tentera de manigancer par le truchement de ses alliés en France et ailleurs, dans le but d'un retour au cessez-le-feu et d'une reprise des négociations, d'obtenir la nomination d'un envoyé onusien, mais là, a-t-il ajouté, les sahraouis n'en conviendront pas, sans que des mesures concrètes ne soient apportées à l'organisation du référendum". Pour sa part, le directeur général de l'Institut national d'études de stratégie globale (INESG), Abdelaziz Medjahed, estime que "ce qui se passe à El-Guerguarat est chose toute naturelle, étant donnée que le Maroc est le cheval de Troie qui sert les intérêts de la France", relevant qu'il fait fi des lois internationales, grâce au soutien de la France, mais le peuple sahraoui lui fera bloc", a-t-il soutenu. Répondant à une question sur les défis sécuritaires auxquels fait face l'Algérie suite aux nouveaux développements survenus au Sahara Occidental, l'ancien conseiller à la Présidence assure que l'Algérie ripostera à quiconque tentera de la prendre pour cible, ou s'approchera de ses frontières". L'agression militaire marocaine au Sahara occidental constitue une menace à la sécurité et la paix mondiales.L'Organisation des Nations Unies doit intervenir pour préserver cette paix, conformément aux chartes et traités internationaux, a estimé, de son côté, le président du Conseil national des droits de l'homme (CNDH), Bouzid Lazhari, soulignant que "ce sont les atermoiements et les faux-fuyants qui ont engendré cette situation". Le soutien de l'Algérie au Sahara occidental et aux peuples opprimés découle de sa doctrine de soutien aux peuples colonisés qu'elle puise dans la Déclaration du 1er novembre, a-t-il affirmé, rappelant que l'Algérie a été le berceau de tous les mouvements de libération. "Beaucoup de choses ont changé en Algérie, tant sur le plan politique que juridique, mais ses positions en faveur des peuples en lutte pour leur indépendance sont restées constantes", a soutenu le président du CNDH. "Il reste encore 17 territoires non autonomes en attente de décolonisation, à leur tête le Sahara occidental, auxquels les résolutions internationales doivent s'appliquer", a-t-il dit, appelant la communauté internationale et ses mécanismes, notamment le Conseil de sécurité, à prendre leurs responsabilités et à rendre justice au peuple sahraoui. Le P/APC d'Alger-centre, Abdelhakim Bettache, a, pour sa part, précisé que cette action de solidarité "est l'occasion pour nous en tant que peuple de réaffirmer notre attachement à notre position constante en faveur d'une solution rapide et durable à la question du Sahara occidental, conformément à la légalité internationale à travers un référendum juste garantissant le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination". "En violant l'accord de cessez-le-feu, le Maroc brave la légalité et le droit international et s'obstine à ne pas se conformer aux résolutions onusiennes.Ce faisant, il se livre à une répression brutale, à des arrestations et même à la torture dans les villes occupées du Sahara occidental pour faire taire les aspirations des Sahraouis à l'exercice de leur droit à l'autodétermination", a ajouté M. Bettache. "Nous prendrons toutes les mesures pour traduire la position populaire sur le terrain, avec un soutien politique, humanitaire, médiatique et culturel", a-t-il conclu.