Samedi marquera la commémoration du 166e anniversaire de la mort du héro de la résistance algérienne à la colonisation française Mohamed Lemdjad Ben Abdelmalek, dit Cherif Boubaghla, tombé au champ d'honneur le 26 décembre 1854 après avoir unifié les Algériens et dont le rapatriement des restes mortuaires de Paris à la veille de la fête de l'indépendance de 2020 a ravivé l'unité nationale. L'anniversaire de la mort en martyr de Cherif Boubaghla, qui a irrigué la noble terre d'Algérie de son sang pur et ouvert la voie à une génération qui allait, un siècle plus tard, déclencher la plus grande Révolution dans l'histoire contemporaine, est l'occasion de mettre en avant la mémoire nationale, devenue une priorité qui préside aux orientations de l'Etat algérien et un "devoir national sacré ne tolérant aucun marchandage", comme l'a souligné le président de la République, Abdelmadjid Tebboune. Joignant l'acte à la parole, le chef de l'Etat a présidé, le 3 juillet 2020, à la veille de la célébration du 58e anniversaire de l'indépendance nationale, les funérailles solennelles et l'accueil populaire organisés à l'occasion de l'arrivée des restes mortuaires de 24 martyrs de la Résistance populaire, dont ceux de Boubaghla, pour être inhumés au Carré des Martyrs du cimetière d'El Alia à Alger. Boubaghla (l'homme à la mule) qui refusait l'oppression et qui était attaché à l'unité de sang, de religion et de terre a réussi à harceler la soldatesque coloniale malgré le peu d'armes et d'équipements dont il disposait. Lui qui venait de l'ouest algérien pour combattre aux côtés de ses frères du Djurdjura a réussi, en quatre années de lutte, à renforcer la cohésion entre les différentes tribus, qui résistèrent tel un seul homme à l'occupation. Lire aussi: Chérif Boubaghla, la destinée singulière d'un résistant Boubaghla s'est installé vers 1849 à Sor El Ghozlane dans l'actuelle wilaya de Bouira, qu'il ne tardera pas à quitter pour la Kabylie toute proche pour poser pied à la Kalaâ des Beni Abbès puis à Beni Mlikech, dans l'actuelle wilaya de Béjaia, dont il fera la base arrière de sa résistance. Selon certaines sources, son action remonte à 1851 lorsque, suspecté par les autorités coloniales, il dissimula ses activités et prit contact avec les cheikhs de Beni Mlikech, avant d'envoyer des messagers dans différentes régions du pays (Babors, Hodna, Médéa, Miliana et Djurdjura) pour étendre sa révolte. Son mouvement prenant de l'ampleur, surtout dans les régions de Béjaïa et des Babors, il mènera plusieurs batailles contre l'occupant, notamment celle d'Ouzellaguen en juin 1951 où un grand nombre a été tué des deux côtés. Rencontre de deux titans La première attaque menée par Cherif Boubaghla a eu lieu le mois de mars 1851 à Akbou lorsqu'il a pris pour cible le bachagha Ben Chérif Ali, un féodal serviteur de l'administration française. Il intensifiera par la suite ses attaques contre plusieurs centres français dans la région poussant les autorités françaises, inquiètes de l'ampleur prise par cette résistance, à concentrer leurs efforts pour l'affaiblir. Elles mobilisèrent d'importantes forces armées menées par de grands officiers, à l'instar de Dorel, Blange, Bobbrit, Busky Dubrotal et Camus. Juin 1852, au cours d'une bataille qui a éclaté au village Tighilt Mahmoud près de Soukh Lethnin, Chérif Boubaghla fut grièvement blessé au niveau du crâne. Rétabli de sa blessure, il conduira en 1853 une autre résistance freinée la mi-1854 par l'expédition montée par le Général Randon, gouverneur de la Région d'Azzaga, pour châtier et mater les tribus qui ont soutenu Chérif Boubaghla. La même année, contraint à quitter Beni Mlikech, il traversa le Djurdjura vers le Nord pour s'installer dans le versant Sud de l'actuelle wilaya de Tizi-Ouzou où il a établi son quartier général d'où il planifiât ses attaques contre l'armée d'occupation. Ayant fait jonction avec la résistante du Djurdjura, Lalla Fatma N'Soumeur, et profitant de l'engagement des troupes françaises dans la guerre de Crimée, Boubaghla, intensifia ses attaques tout en incitant les tribus de la région à la révolte et à se joindre à sa cause à laquelle il réussit à rallier les Ath Djennad et Ath Idjeur. La rencontre entre ces deux symboles de la résistance fut un fait historique majeur. Les historiens rapportent, à ce sujet, la rencontre des deux héros, lorsque Boubaghla, blessé lors d'une bataille en 1854, fut secouru par la Lalla N'Soumer qui lui souffla ce faisant "Chérif, ta barbe ne se transformera jamais en herbe". Les révoltes ayant de tout temps été étouffées grâce aux trahisons, la fin de Chérif Boubaghla a été précipitée par les actes de vils délateurs. Sorti le 21 décembre 1854 de ses sites de peur de la trahison, il est rattrapé par les collabos français qui l'ont remis au gouverneur de Bordj Bou Arréridj. Sa tête fut décapitée et a été exposée en trophée avec ses habits, ses armes, et son sceau en plein centre de la ville de Bordj Bou Arréridj pour tenter de terroriser les Algériens. Les autorités françaises ont décidé, par la suite, de transférer son crâne au musée de l'Homme à Paris, dans une autre tentative de modifier le cours de l'histoire et éteindre la flamme du glorieux Lemdjad. Un siècle après, le flambeau est brandi par les compagnons de Larbi ben M'hidi, qui s'est adressé à la France coloniale en déclarant: "Nous vaincrons, car nous représentons les forces de l'avenir radieux, quant à vous, vous serez vaincus, car vous voulez arrêter le cours de l'histoire".