La politique du "tout sécuritaire" adoptée par le régime marocain donnera lieu "inéluctablement à une implosion sociale" qui pourrait secouer de nouveau la région du Rif (nord) mais aussi d'autres régions du pays, a assuré mercredi le politologue marocain, Aziz Chahir dans une tribune publiée sur le site Middle East Eye. "La politique du tout sécuritaire adoptée par le régime de Mohammed VI débouchera inéluctablement sur une implosion sociale", affirme le politologue en réaction aux manifestations populaires organisées vendredi dans la ville de Fnideq (nord). "Les manifestations de Fnideq sont la parfaite illustration de la polarisation et de l'exacerbation des tensions (...) dans le Rif et ailleurs", soutient-il. Selon lui, "le régime est plus que jamais appelé à sortir de son tropisme en mettant un terme à cette chape de plomb qui empêche la classe politique de sortir, elle aussi, de son omerta pour daigner proposer de véritables alternatives à une politique sécuritaire qui n'a d'ailleurs jamais répondu aux revendications des populations". "On est en droit de se demander où sont passés les politiques et les projets de développement promis par le pouvoir en 2016, quelques temps après l'éclatement du Hirak du Rif", s'interroge l'auteur du texte, évoquant le vaste mouvement populaire qui a secoué la région du Rif, dans le nord du pays, en 2016. "Face à la léthargie des édiles locaux et l'indifférence des autorités, la société civile avait multiplié en vain les initiatives pour trouver une issue à la crise socioéconomique insoutenable dans le Rif", rappelle l'universitaire. "Demain, ce sera peut-être le tour d'autres régions de monter au créneau pour dénoncer l'échec d'un régime de plus en plus autoritaire et policier qui peine à préserver la paix sociale, l'incapacité d'un Etat central à garantir la citoyenneté et la dignité humaine, et la démission d'une classe politique aux abonnés absents", poursuit-il. Concernant les manifestations de Fnideq, l'universitaire a critiqué la version des faits avancée par les pouvoir publics. "Redoutant les critiques pour avoir recouru à la violence afin d'écraser une manifestation pacifiste, les autorités se sont empressées de publier un communiqué officiel malencontreux dans lequel la préfecture de Madieq-Fnideq a affirmé que six agents parmi les forces de l'ordre avaient été blessés par des jets de pierres de la part de quelques manifestants, et que dix personnes s'étaient évanouies à cause des bousculades", soutient-il. Les habitants de la ville de Fnideq ont manifesté pour exprimer leur colère contre les conditions de vie et la crise économique étouffante qui sévit dans le pays.