Le ministre de l'Industrie, Ferhat Ait Ali Braham, a déploré jeudi l'absence de pré-contrôle sur les véhicules d'occasion importés par l'Algérie au niveau des pays d'origines notamment européens, ce qui a causé au pays des pertes financières importantes. Intervenant lors d'une plénière à l'Assemblée populaire nationale (APN) consacrée aux questions orales et présidée par Slimane Chenine, président de l'Assemblée, M. Ait Ali Braham a regretté le fait que ces pays "n'effectuent aucun contrôle lorsque les véhicules sont destinés à certains pays africains". L'absence de pré-contrôle, dans les pays d'origine, des véhicules importés par les opérateurs algériens a causé "des centaines de milliards de dollars de pertes à l'Algérie durant les vingt dernière années que ce soit en raison de la surfacturation ou de l'importation d'équipements imaginaires", a-t-il révélé. Dans ce sens, le ministre a souligné que les véhicules d'occasion importés étaient introduits sur le marché local par "des bandes" qui se sont spécialisées dans l'importation de voitures de moins de 10 ans en faisant croire qu'elles étaient plus récentes. M.Ait Ali répondait à une question du député de l'Union pour Nahda-Adala-Bina, Ahcene Aribi, au sujet du gel de l'autorisation d'importation des véhicules de moins de trois ans et l'annulation du système préférentiel SKD/CKD. Le ministre a expliqué, dans ce cadre, que les exonérations dont ont bénéficié les opérateurs dans le segment SKD/CKD avaient été transférées aux fabricants locaux des composants, en vertu de la loi de finances complémentaire 2020 et la loi de finances 2021, rappelant que les sous-traitants n'avaient, par le passé, aucun avantage douanier ou fiscal ni dans leurs investissements ni sur leurs équipements. Lire aussi : Véhicules neufs: les délais d'acquisition définis par les concessionnaires Ainsi, les opérateurs qui prétendent à investir dans l'industrie mécanique réelle seront obligés de se tourner vers ces sous-traitants qui seront "très concurrentiels" et "protégés par des textes réglementaires", notamment le décret 20-226 du 19 août 2020 qui impose un taux d'intégration et un modèle d'intégration rendant éligible à l'application de l'article 60 de la LFC 2020. Il a ajouté que la nouvelle réglementation considère le montage automobile comme une activité plus commerciale qu'industrielle, sans l'interdire, pour peu de s'acquitter de toutes les taxes, y compris la TVN (taxe sur les véhicules neufs). Africaver bénéficiera d'un plan de relance Répondant à une question de la députée indépendante, Badra Ferkhi, concernant le plan de relance de la société Africaver (Jijel) et la prise en charge de la situation socio-professionnelle de ses employées, le ministre a indiqué qu'une commission d'inspection avait été dépêchée par son département en 2020 avec pour mission d'établir un état des lieux en termes d'équipements et de ressources humaines, mais aussi de réaliser un audit financier de la société. Il a ajouté qu'un rapport a été transmis à la tutelle qui a préconisé des solutions qui exigent, toutefois, l'implication d'autres intervenants, notamment les banques. M.Ait Ali a affirmé que cette société bénéficiera d'un plan de relance qui demande, néanmoins, un financement qui ne peut être décidé que par le Conseil des participations de l'Etat (CPE) qui doit donner son feu vert aux banques pour débloquer les fonds nécessaires pour démarrer ce plan de relance. Selon lui, ce projet ne pourra être concrétisé à court terme, estimant que cela devrait se faire au plus tard au cours du 1er semestre 2022 et en attendant, une gestion conjoncturelle des problèmes de cette société, notamment celui des salaires, sera assurée. Lire aussi : Importations de véhicules: signature des autorisations provisoires Le ministre a indiqué qu'Africaver peut continuer d'exister sans recourir à sa privatisation du fait qu'elle fabrique des produits dont le marché algérien a besoin avec la possibilité d'alimenter d'autres secteurs tels que l'industrie automobile ou encore certaines industries militaires. De son coté, le député indépendant, Habibi Touhami, a demandé des explications sur le non démarrage du projet du complexe de ciment dans la commune de Labyod Sid Echikh (wilaya El-Bayadh), M. Ait Ali a expliqué que ce projet ne pouvait pas être lancé du fait de la "saturation" du marché qui enregistre un excédent de 12 millions de tonnes. Estimant que cet investissement n'est pas rentable, le ministre a appelé l'investisseur qui devait lancer ce projet à se tourner vers une autre activité qui ne soit pas sur la "liste négative", comme c'est le cas pour la production de ciment.