La diplomatie américaine a d'autres moyens de réviser la décision de Trump, en revenant aux négociations pour le règlement du conflit au Sahara occidental, a affirmé mardi l'écrivain français d'origine marocaine, Jacob Cohen, assurant que l'avenir du Sahara occidental reste ouvert malgré l'annonce de l'ancien président américain. "Trump nous a habitués à ces annonces tonitruantes qui rompent avec les usages diplomatiques et surtout avec les équilibres délicats qui sauvegardent le consensus", a indiqué Jacob Cohen dans un entretien à l'APS, soulignant que "la diplomatie américaine aurait d'autres moyens, si elle le souhaite, d'atténuer la portée de la déclaration de Trump". Il s'agit selon lui, de revenir au statu quo qui a les faveurs de l'ONU et de l'Union Africaine (UA), c'est-à-dire revenir aux négociations pour trouver un règlement– improbable – entre les prétentions marocaines et l'autodétermination des Sahraouis, assurant que, "l'avenir du Sahara occidental reste finalement ouvert malgré l'annonce de Trump". Evoquant les relations entre le régime marocain et l'entité sioniste, Jacob Cohen rappelle que la normalisation "n'est pas le fruit du hasard, ni un coup diplomatique sans fondement mais couronne 60 années de relations de moins en moins secrètes", faisant savoir que "Mohammed 6 n'attendait que le moment favorable pour l'officialiser. Et ce moment était arrivé avec les autres normalisations". Il a, en outre, rappelé que le roi "Hassan II tenait déjà beaucoup à cette relation intime avec l'entité sioniste". Par ailleurs, l'écrivain français d'origine marocaine pense qu'à travers cette normalisation le Maroc "espère devenir le partenaire indispensable de l'axe américano-sioniste dans la région (et) devenir en quelque sorte leur sentinelle et éventuellement leur tremplin pour des actions de maintien de l'ordre". "Nul doute que le Maroc accueillera favorablement toute demande venant de l'entité sioniste ou des Américains pour établir les installations nécessaires au contrôle de toute la région", a-t-il ajouté. Un élément que les pays limitrophes et même au-delà doivent, selon lui, "prendre en considération". Dans une rétrospective des relations entre le régime marocain et l'entité sioniste, M. Cohen rappelle "qu'après son indépendance en 1956, la monarchie marocaine s'était alliée aux ex-colonisateurs contre les groupes révolutionnaires pour renforcer son pouvoir au détriment de son intégrité territoriale". Il a également rappelé que le roi Hassan II a conclu "un accord en février 1961 avec le Mossad et l'Agence juive pour permettre aux juifs marocains de partir en Israël par dizaines de milliers sans aucun document de voyage", indiquant que, le Mossad, présent au Maroc depuis 1948, avec des réseaux étendus et même des caches d'armes et des fabriques de faux papiers, va alors devenir un partenaire discret mais efficace du régime (marocain)". "A l'aube des années 80, le Mossad va s'entendre avec Hassan II pour le recrutement d'un conseiller spécial en la personne d'André Azoulay, juif marocain natif d'Essaouira mais qui a fait toute sa carrière à Paris en tant que banquier", soutient M. Cohen, notant que "ce personnage a des réseaux étendus dans les milieux financiers internationaux". Il explique qu'André Azoulay fait très probablement partie des 45 000 (une estimation réaliste) "sayanim", ces juifs nationaux qui, par patriotisme sioniste, acceptent de collaborer avec le Mossad dans le cadre de leurs activités professionnelles, assurant que "l'objectif du conseiller royal était de préparer le terrain à l'acceptation des relations entre le royaume chérifien et le régime sioniste, en d'autres termes à donner à ces relations qui existaient déjà un caractère public, officiel". Surtout que l'entité sioniste, poursuit l'écrivain français, "cherchait à gagner une légitimité ouverte, de cœur, avec un pays arabe important".