Le Comité France de soutien à l'historien , Maâti Monjib, a appelé les autorités marocaines à libérer "immédiatement et sans conditions", les deux journalistes, Soulaiman Raissouni et Omar Radi qui mènent une grève de la faim depuis le 8 avril. "Nous demandons instamment aux autorités marocaines de libérer immédiatement et sans conditions Soulaiman Raissouni et Omar Radi tout en faisant cesser toute forme d'humiliation à leur égard comme à l'égard de leur famille" a indiqué dimanche le Comité dans un communiqué. Le Comité a exprimé sa solidarité avec les journalistes "Soulaiman Raissouni, Omar Radi, Imad Stitou et Taoufik Bouaachrine ainsi que de tous les détenus politiques et d'opinion au Maroc". "En l'occurrence, nous sommes très inquiets pour Soulaiman Raissouni et Omar Radi qui ont entamé, le 8 avril 2021, une grève de la faim illimitée pour obtenir leur libération", a -t-il souligné. Après une longue campagne acharnée de harcèlement et de diffamation contre Soulaiman Raissouni et sa famille orchestrée par les services sécuritaires à travers des médias qui leur sont proches, le journaliste a été arrêté de façon spectaculaire le 22 mai 2020 et placé en détention préventive, à l'isolement total dans des conditions difficiles à la prison d'Oukacha à Casablanca. Le Comité a précisé que Soulaiman Raissouni a été mis en examen pour "viol avec violence et séquestration" sans qu'aucune plainte en ce sens ait été déposée. A ce titre, il a affirmé que "les atteintes aux mœurs et les motifs de droit commun élaborés de toutes pièces sont en effet le procédé actuel du pouvoir marocain pour masquer les procès politiques, salir, arrêter et faire taire toutes voix démocratiques militant pour la liberté d'expression ou réclamant des droits élémentaires". "De telles accusations ne justifient pas non seulement une arrestation aussi musclée mais, en plus, Soulaiman Raissouni présente toutes les garanties requises pour comparaître devant la justice dans le cadre d'un procès équitable", a relevé le Comité, précisant que ce procès, qui ne présente, lui, aucune garantie d'équité, "s'est ouvert le 9 février et, depuis, les audiences sont systématiquement reportées". De son côté, Omar Radi est poursuivi pour plusieurs motifs d'accusations fallacieuses : "outrage à magistrat, violence, ivresse sur la voie publique, viol et attentat à la pudeur, atteinte à la sûreté intérieure et extérieure de l'Etat, espionnage". "Bien qu'il se soit rendu à chacune des 12 convocations de la BNPJ (Brigade nationale de la police judiciaire), preuve de sa volonté de ne pas se dérober à son devoir citoyen, et après avoir subi environ 100 heures d'interrogatoire en cinq semaines pour quatre procédures différentes, il a été placé en détention préventive, et à l'isolement, le 29 juillet 2020", a déploré le communiqué. Selon le Comité de soutien à Maâti Monjib, " Il s'agit donc d'une détention arbitraire consécutive à un véritable harcèlement judiciaire et policier". Dans ces deux cas, "l'article 23 de la Constitution marocaine, stipulant la présomption d'innocence, n'est pas respecté. Cette atteinte au droit d'innocence et cette discrimination au regard d'autres accusés poursuivis en liberté est inacceptable", a-t-il souligné. Ils ont donc plusieurs fois demandé leur remise en liberté, ce qui leur a toujours été refusé. Face au bafouement systématique de leurs droits, ils ont décidé d'entamer une grève de la faim illimitée, doublée pour Soulaiman Raissouni d'une grève de la soif. Le Comité précise que l'état de santé des deux journalistes présente déjà des motifs d'inquiétude et n'est pas compatible avec un emprisonnement : "Soulaiman, qui a perdu 15 Kg de son poids depuis son incarcération,souffre d'hypertension chronique avec le risque que fait peser la grève de la boisson sur ses reins. Omar Radi, qui a perdu 10 Kg de son poids depuis sa mise en détention, souffre d'asthme et de la maladie de Crohn dont une crise aiguë depuis deux semaines le met en situation permanente de diarrhée et vomissements". "Il apparaît qu'avec cette grève de la faim, leur vie est véritablement en danger. La responsabilité de l'Etat marocain est donc ici engagée", a mis en garde le Comité.