Depuis quelque temps, le Maroc connaît une série de brouilles diplomatiques avec nombre de capitales. D'abord avec Berlin, ensuite avec Madrid, et cette fois-ci avec Téhéran, avec en toile de fond le conflit du Sahara occidental occupé par le royaume depuis 1975. Jeudi, le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a accusé devant le lobby pro-sioniste (AIPAC), l'Iran de " vouloir mener des activités de déstabilisation en Afrique du Nord". En réaction à ces déclarations, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Saeed Khatibzadeh, a déclaré samedi qu' "en raison de son incapacité à résoudre ses problèmes régionaux, le gouvernement marocain, tout en soutenant le régime criminel sioniste, a une fois de plus répété ses accusations fausses et sans fondement contre la République islamique d'Iran". Selon le même responsable, "de telles accusations non fondées contre l'Iran ne font que contribuer aux complots américains et israéliens dans la région et travaillent contre les partisans de la juste cause palestinienne". "Il est dommage que le gouvernement marocain, qui occupe actuellement la présidence du Comité Al-Qods (de l'OCI), détourne l'attention du principal problème du monde islamique, à savoir la lutte contre la nouvelle agression à Al Qods et la défense des droits de la nation palestinienne, alors que le monde musulman a plus que jamais besoin d'unité et de solidarité", a-t-il ajouté. Avec l'Espagne, le Maroc qui utilise plutôt la carte de l'immigration clandestine pour faire pressions sur ce pays afin qu'il reconnaisse ses revendications illégitimes au Sahara occidental semble avoir franchi un nouveau pas après l'hospitalisation, en Espagne, du président sahraoui et SG du Front Polisario, Brahim Ghali. Des médias espagnols ont annoncé, ces derniers jours, que la justice espagnole avait engagé une procédure contre le président sahraoui pour de présumés "crimes contre l'humanité". Une fausse information démenti par le Haut tribunal espagnol, tandis que la cheffe de la diplomatie espagnole, Arancha Gonzalez Laya a déclaré que le SG du Polisario devait quitter l'Espagne au terme de son hospitalisation. L'Allemagne est un autre pays avec lequel le Maroc ne s'entend plus en raison de la question sahraouie. Depuis le 1er mars, date à laquelle le Maroc a décidé de "suspendre tout contact" avec l'ambassade d'Allemagne à Rabat, les deux pays ne trouvent toujours pas un terrain d'entente. En réaction à la dernière décision du Maroc de rappeler son ambassadrice à Berlin, le ministère allemand des Affaires étrangères a fait part de son étonnement, jeudi 6 mai, expliquant qu'il n'avait pas été informé à l'avance de la décision prise par le royaume. "Nous sommes d'autant plus surpris par cette mesure que nous faisons des efforts constructifs avec la partie marocaine pour résoudre la crise", a déclaré un responsable du ministère allemand cité par des médias. Le Maroc, via son ministère des Affaires étrangères, avait justifié le rappel de son ambassadrice en évoquant, entre autres raisons, des actions entreprises par Berlin après la reconnaissance unilatérale de l'ex-président américain, Donald Trump, de la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Cette décision largement condamnée à l'échelle internationale avait été soulevée par l'Allemagne au Conseil de sécurité de l'ONU où elle a appelé les Etats-Unis à "agir dans le cadre du droit international". Cette accumulation de maladresses marocaines, traduit "la déception de l'occupant marocain, contraint d'ailleurs d'inventer à chaque fois des histoires pour faire chanter ces pays qui ont exprimé clairement leur attachement à la légitimité internationale", explique le représentant du Front Polisario en Europe et à l'Union européenne (UE), Abi Bouchraya Bachir, qui souligne que la politique "du mensonge et du chantage" est la seule constante définissant la politique étrangère du Maroc. Aujourd'hui, dira-t-il, le régime marocain s'en prend à tout le monde, d'abord au peuple sahraoui, puis à la Mauritanie, à l'Algérie à l'UA et à l'UE au point où il tente l'immixtion dans les affaires internes de l'Allemagne et de l'Espagne.