Les autorités marocaines sont responsables du sort du journaliste Souleiman Raissouni, en grève de la faim depuis plus de deux mois pour protester contre son maintien en détention provisoire, a indiqué l'ONG Reporters sans frontières, qualifiant le refus de son hospitalisation par les autorités marocaines d'"inhumaine" et d'"aberrante". "Après 70 jours de grève de la faim, le journaliste Souleiman Raissouni, en détention provisoire depuis plus d'un an, est aujourd'hui extrêmement affaibli. Reporters sans frontières (RSF) considère que les autorités marocaines sont responsables de son sort et demande au roi Mohamed VI d'intervenir de toute urgence pour le faire libérer et éviter qu'il ne se meure en prison", soutient l'ONG dans un communiqué. A cet effet, le directeur général de Reporters sans frontières, Christophe Deloire a annoncé dimanche via son compte Tweeter qu'il comptait se rendre, ce lundi au Maroc pour assister, le lendemain, au procès des deux journalistes Omar Radi et Souleiman Raissouni et "soutenir les militants de la liberté de la presse", soulignant que "les autorités marocaines sont comptables de la vie" de Souleiman Raissouni. Le procès de Souleiman Raissouni devait avoir lieu le 15 juin au tribunal de Casablanca. Extrêmement affaibli par sa grève de la faim commencée le 8 avril 2021, le rédacteur en chef du quotidien arabophone Akhbar al-Yaoum n'a pas pu y assister, ce qui a conduit les juges à reporter son procès pour la neuvième fois. "Si les premiers reports avaient été demandés par les avocats du journaliste pour protester contre les vices de procédures des autorités marocaines, les dernières demandes s'expliquent par l'incapacité physique du journaliste de supporter de longues audiences", déplore RSF. Dans ce contexte, l'ONG internationale s'est offusquée du refus des autorités marocaines de l'hospitaliser malgré la détérioration de son état de santé qui menace sa survie. "Alors que sa vie est aujourd'hui gravement menacée, les autorités marocaines persistent à refuser d'hospitaliser Souleiman Raissouni, une décision aussi aberrante qu'inhumaine", dénonce le directeur du bureau Afrique du Nord de RSF, Souhaieb Khayati. "Pour que cet acharnement ne mène pas au pire et que le Maroc n'ait pas à porter la terrible responsabilité d'avoir laissé mourir un journaliste en prison, nous appelons le roi Mohammed VI à intervenir de toute urgence pour permettre sa libération provisoire", poursuit l'ONG. Souleiman Raissouni, en détention provisoire depuis un an, observe depuis plus 70 jours une grève de la faim pour demander sa libération provisoire. RSF rappelle "qu'après avoir épuisé tous les recours judiciaires possibles, il a opté le recours à ce mode ultime de protestation pour faire valoir ses droits à un procès juste et équitable, relevant que "le journaliste qui est poursuivi pour une affaire de mœurs, que ses avocats et proches estiment montée de toutes pièces, risque jusqu'à 10 ans de prison". Lundi dernier, Reporters sans frontières avait annoncé avoir saisi Irene Khan, rapporteuse spéciale sur le droit à la liberté d'opinion et d'expression pour les Nations unies depuis août 2020, ancienne secrétaire générale d'Amnesty international entre 2001 et 2010, au sujet des deux journalistes, Raissouni et Rad L'ONG avait indiqué avoir clairement signifié dans la correspondance adressée au rapporteur que "la vie du journaliste Souleiman Raissouni est en grave danger", lui demandant "de faire tout son possible pour obtenir leur libération". Un appel qui a été suivi le lendemain par d'autres organisations internationales. Il s'agit notamment du Syndicat interprofessionnel des travailleuses et travailleurs de la presse, des médias, de la culture et du spectacle en France qui a exprimé son soutien aux deux journalistes, réclamant "leur libération immédiate et sans condition, ainsi que l'abandon des poursuites". Pour sa part, la Fédération internationale des journalistes (FIJ) avait indiqué avoir adressé une lettre au roi du Maroc, pour "la libération immédiate du journaliste Soulaimane Raïssouni, dont l'état de santé extrêmement préoccupant nécessite des soins immédiats".