L'ONG américaine Defense Forum Foundation a appelé à bloquer toute vente d'armes offensives au Maroc, estimant que la simple présence de ces armes dans la région aurait un "effet déstabilisateur" d'où la nécessité d'en interdire l'exportation. Dans une lettre "urgente" adressée aux membres du Comité chargé des relations étrangères et de la Commission des services armés du Sénat américain, la fondation appelle à "bloquer toute vente de drones au Maroc", mettant en garde contre leur éventuelle utilisation par le Royaume pour "commettre encore plus d'atrocités contre le peuple sahraoui et aggraver encore la guerre en cours dans la région depuis que le Maroc a violé, en novembre dernier, le cessez-le-feu de l'ONU". S'adressant aux sénateurs membres desdites commissions compétentes, en l'occurrence, Robert Menendez, James Inhofe, Jack Reed, James E. Risch, la fondation exprime ses "profondes inquiétudes" concernant le projet de vente précisément de quatre drones MQ-9B SkyGuardian et de munitions à guidage de précision JDAM, ainsi que d'autres armes, au Maroc. Pour expliquer son opposition à ce transfert d'armes militaires offensives, l'organisation met en avant "des raisons de sécurité nationale, politiques et humanitaires". "Vendre de telles armes au Maroc violerait à la fois la lettre et l'esprit du Régime de contrôle de la technologie des missiles (MTCR) auquel les Etats-Unis ont adhéré depuis sa création en 1987". Selon cet accord, "l'exportation de systèmes de véhicules aériens sans pilote, tels que des drones, capables de transporter des armes de destruction massive, y compris des armes de guerre chimique et biologique, sur une distance d'au moins 300 km avec une charge utile de 500 kg ou plus, devrait être interdite quel que soit le but de l'exportation". Selon les spécifications fournies par le fabricant, le MQ-9B SkyGuardian a une portée supérieure à 6 000 milles marins et une capacité de charge utile de plus de 2 000 kg, bien au-dessus de la limite fixée par le MTCR. Il est noté également dans la lettre que "de tels systèmes d'armes peuvent également livrer des explosifs au napalm et au phosphore blanc, armes interdites par les accords internationaux qui ont été utilisées par le passé par le Maroc contre le peuple du Sahara occidental". Historiquement, les ventes d'armes américaines au Maroc se limitaient à des armes ou à des systèmes logistiques à des fins défensives et non offensives, fait-t-on remarquer dans la missive. Cependant, la seule utilisation possible de telles armes par le Maroc serait dans son conflit au Sahara occidental, soutient-on. Répercussions néfastes sur les efforts des Etats-Unis contre le terrorisme dans la région Sur la base des pratiques antérieures documentées des forces de sécurité marocaines, il est peu probable, selon la lettre, que "le Maroc limite l'utilisation de ces armes à des fins défensives". "Aucune des utilisations possibles de ces armes ne serait dans le meilleur intérêt des Etats-Unis ou conforme aux politiques de l'administration actuelle", avertit l'organisation. Rappelant que le président américain Joe Biden a déclaré que "les Etats-Unis reviendraient à une politique de soutien aux droits de l'homme et aux principes du droit international. Or, d'après Defense Forum Foundation, le fait d'autoriser le Maroc à utiliser des armes fournies par les Etats-Unis dans le cadre du conflit au Sahara occidental, "ne ferait que récompenser le Maroc pour son refus constant et flagrant de respecter ses accords avec la communauté internationale et sa violation des principes du droit international". L'ONG conclut que "toute restriction imposée à l'utilisation de ces systèmes d'armes par le Congrès n'aurait aucun effet". Le Maroc a eu à le prouver dans le passé. Le royaume avait déjà "ignoré toute restriction imposée à l'utilisation d'armes fournies par les Etats-Unis, les employant volontiers au Sahara occidental malgré les restrictions imposées par le Congrès à leur utilisation sur le territoire". Et d'ajouter: "La simple présence de ces armes dans la région aurait un effet déstabilisateur important". "L'exportation d'articles militaires haut de gamme irait à l'encontre des efforts de lutte contre le terrorisme des Etats-Unis dans la région", selon la lettre "écrite et fortement soutenue par les démocrates et les républicains". Pis encore, "cette vente pourrait involontairement injecter du personnel militaire et des sous-traitants américains dans un conflit en cours en Afrique du Nord, avec la possibilité toujours existante de dérive de la mission", lit-on dans la lettre. Puisque, dit-on, les systèmes nécessiteront une formation et un soutien, à la fois civil et militaire, de la part des Etats-Unis. "Il serait ironique qu'après avoir pris des mesures pour se sortir des conflits au Moyen-Orient, les Etats-Unis se retrouvent entraînés dans un conflit en Afrique". En somme, "il n'y a pas de bonnes raisons pour permettre au Maroc de posséder ces systèmes d'armes. Nous avons présenté un certain nombre de bonnes raisons pour lesquelles la vente devrait être bloquée et le Maroc devrait être empêché de les avoir", a-t-on fait valoir. Pour conclure, les signataires rappellent aux destinataires le pouvoir législatif qu'ils ont en tant membres du Congrès, "de bloquer de telles ventes en proposant des résolutions de désapprobation".