L'Afrique du Sud célèbre mercredi, le 30eme anniversaire de l'abolition officielle, le 30 juin 1991, du système de ségrégation raciale et ses lois, piliers du régime d'apartheid. Le système d'apartheid, ou "séparation" en afrikaans, institué par le Parti national (PN), a systématisé entre 1948 et 1994 la ségrégation raciale pratiquée depuis le XVIIe siècle par les premiers colons néerlandais. Les habitants étaient classés dès leur naissance en quatre catégories : Blancs, Noirs, Métis ou Indiens. Par ailleurs, l'instauration de l'apartheid a généré des résistances. Le Congrès national africain (ANC), dirigé par Nelson Rolihlahla Mandela, adopte d'abord des méthodes non violentes, prônant grèves, boycotts et campagnes de désobéissance civile, toutefois largement réprimés. En 1960, la police ouvre le feu sur des manifestants à Sharpeville, tuant 69 Noirs. L'ANC et le Parti communiste sont interdits et l'état d'urgence instauré. Entré en clandestinité, l'ANC opte pour la lutte armée et en 1964, Nelson Mandela, dit "Madiba", est condamné à la prison à vie pour "sabotage". En 1976, des milliers d'écoliers sont descendus dans les rues de Soweto. Mais la manifestation réprimée dans le sang par la police, avait fait plusieurs centaines de morts. Une année après, le fondateur du Mouvement de la conscience noire, Steve Biko, meurt en prison sous les coups de la police. Parallèlement, des sanctions internationales contre l'Afrique du Sud s'accumulaient : exclusion des Jeux olympiques, expulsion des organes de l'ONU, embargo sur les armes, boycott international, outre des activités de stars engagés aussi contre le régime "raciste". En 1980, Peter Gabriel écrit la chanson "Biko", en mémoire de Steve Biko, martyr de la lutte anti-apartheid, et un concert monstre avait notamment été organisé en hommage au "Madiba" pour ses 70 ans (Nelson Mandela 70th Birthday Tribute), le 11 juin 1988, au stade de Wembley, à Londres, pour réclamer la libération du leader noir emprisonné alors depuis 24 ans. Lire aussi: Le monde célèbre le 30e anniversaire de la libération de Mandela du système de l'apartheid Egalement appelé "Free Nelson Mandela et Mandela Day", ce méga concert de musique pop rock, qui va durer 11 heures, sera rediffusé dans 67 pays, et réunira une audience de 600 millions de personnes avait été interdit en Afrique du Sud. Ainsi, ce concert a contribué à créer la figure emblématique d'un Mandela révéré dans le monde entier, et a forcé le régime sud-africain à le libérer plus tôt que prévu. En février 1990, le président Frederik de Klerk, au pouvoir depuis cinq mois, a légalisé l'opposition noire, et Nelson Mandela, est libéré le 11 février, après 27 ans de prison. Un an et demi plus tard, soit le 30 juin 1991, le système de ségrégation raciale est officiellement aboli, et de premières élections libres sont tenues en avril 1994 en dépit des tentatives de freinage de la transition démocratique, par des réfractaires au changement au sein des services de sécurité blancs, et d'une rivalité sanglante entre des militants de l'ANC et du Parti zoulou Inkhata (IFP), outre la pression d'extrémistes blancs (notamment le Mouvement de la résistance afrikaner - AWB) et noirs (les africanistes de l'Armée de libération du peuple azanien - APLA) qui organisent des attentats. Mais l'Afrique du Sud connaît ses premières élections multiraciales, tournant la page de l'apartheid. "Libres enfin", s'exclame Nelson Mandela, élu premier président noir du pays, avec son rêve de la "nation arc-en-ciel".