La grève de la faim menée par le journaliste marocain Soulaiman Raissouni pour protester contre sa détention provisoire depuis plus d'un an met en lumière les dangers du journalisme au Maroc, a indiqué le journal américain New York Times. Dans un long article écrit par la journaliste marocaine Aïda Alami et son collègue Nicolas Casey, le New York Times a évoqué de nombreux cas de répression des journalistes au Maroc relevant qu'ils reflètent une dynamique dangereuse pour les journalistes (...). Les auteurs de l'article, soulignent, en outre, que la réunion du secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken avec son homologue marocain, Nasser Bourita à Rome le mois dernier a semblé mettre en évidence "les problèmes des journalistes dans le royaume". Ils rappellent notamment que qu'Antony Blinken a tweeté sur la nécessité d'un "intérêt partagé pour la paix et la stabilité régionales et les droits de l'Homme, y compris la liberté de la presse". Ce qui dénote de son intérêt pour les cas des journalistes emprisonnés au Maroc. Dans ce contexte, l'article du New York Times revient longuement sur les différentes grèves de la faim menées par les journalistes marocains pour protester contre leur détention et défendre leur liberté à l'instar du cas de Soulaiman Raissouni, en grève de la faim depuis plus de 80 jours. "Pendant des années, Soulaimane Raissouni, rédacteur en chef d'un journal marocain, n'a pas hésité à rendre compte de certaines des questions les plus sensibles du royaume d'Afrique du Nord, notamment les manifestations antigouvernementales qui ont éclaté en 2011 et 2016", rappelle le journal américain, notant que "sa critique de la façon dont les autorités ont géré la pandémie" a été le déclencheur de la campagne de répression menée contre lui. Il y a un peu plus d'un an, Raissouni a été arrêté à son domicile à Casablanca après des accusations d'agression sexuelle - des allégations qu'il dit fausses et inventées de toutes pièces pour l'intimider. Emprisonné depuis, il a entamé il y a près de trois mois une grève de la faim en signe de protestation. Les auteurs de l'article soulignent que, le 10 juin, il a comparu devant le tribunal, amoindri et incapable de marcher sans aide. "S'il vous plaît, ramenez-moi en prison pour mourir", a-t-il déclaré au juge. Le New York Times relève, par ailleurs, que, Raissouni est l'un des 10 journalistes marocains emprisonnés ces dernières années, la plupart accusés de crimes sexuels et d'autres actes jugés illégaux au Maroc, dont certaines formes d'avortement, assurant que, "le véritable objectif des autorités marocaines est de faire taire le petit groupe de journalistes indépendants du pays avec des accusations fausses et politiquement motivées". "Tous les journalistes détenus avaient publié des articles sur la corruption ou les abus de pouvoir au sein du royaume, nombre d'entre eux ciblant des entreprises ou des responsables de la sécurité ayant des liens avec le roi Mohammed VI", souligne l'article. Le journal américain cite, entre autres, les déclarations de Abdeslam Maghraoui, professeur de sciences politiques à l'Université Duke qui a dit que "la monarchie a asphyxié les médias indépendants lorsqu'ils sont devenus trop critiques".