La bataille de Beni Boustour, le 16 janvier 1958 dans les environs de la commune de Beni Bouâtab, à 50 km au Sud de Chlef, fait partie des haltes héroïques des moudjahidine de l'Ouersenis qui, en dépit de leurs moyens dérisoires, ont remporté une victoire mémorable contre l'occupant français. Selon Mohamed Tiab, professeur chercheur en Histoire de la région, "cette bataille, menée par la Katiba El Karimia, sous le commandement de Tahar Bouchareb et son adjoint Si Omar, dans les environs de Beni Bouatab, précisément dans un carrefour menant vers les postes ennemis, disséminés au nord du mont de l'Ouarsenis, est une étape historique dans le combat et la résistance des enfants de cette région contre la répression coloniale", a-t-il observé. Faisant la chronologie de cette bataille, M. Tiab a affirmé que les moudjahidine ont mis six jours à planifier cette attaque, avant de décider de dresser une embuscade aux forces ennemies qui venaient d'effectuer une razzia dans une région de Beni Bouâtab. L'endroit choisi pour cette embuscade était un ravin situé dans un lieu escarpé, s'est-il remémoré. Vers 14H00, a-t-il attesté, les membres de la katiba El Karimia (en hommage au commandant de cette patrouille, le Chahid Si Abdelkrim, tombé au champ d'honneur en 1956) ont commencé à poser les mines et à prendre leurs positions de façon à empêcher toute fuite des militaires français, qui commençaient à arriver vers 15H30mn, tandis que l'assaut était fixé pour 16H00. "Le plan de cette bataille a été si bien exécuté, que les moudjahidine remportèrent la partie en quelques minutes seulement, avec à la clé la mort de 95 militaires et la capture de 28 autres, dont trois officiers", a-t-il souligné. L'opération, a-t-il ajouté, a également, permis la récupération de 123 pièces d'armes, des dizaines de grenades, des munitions, des tenues et un appareil de transmission. Selon M. Tiab, les moudjahidine ont exploité la radio pour tromper les avions ennemis qui ont envoyé un message au chargé des transmissions pour s'assurer qu'ils allaient bien et s'ils s'étaient accrochés avec des "fellagas" (qualificatif raciste donné par le colonisateur aux Moudjahidine) et ce, après avoir entendu des déflagrations. Mais les moudjahidine ont obligé un des prisonniers à répondre qu'ils étaient en train "d'effectuer des exercices d'entrainement et qu'ils allaient bientôt rentrer à la base". Suite à quoi les avions ennemis ont quitté les lieux et la katiba Al Karimia s'en est sortie de cette bataille avec zéro perte en vies humaines et aucun blessé. === Efforts pour préserver la mémoire nationale=== Aujourd'hui, des moudjahidine vivants, parmi ceux ayant pris part à cette bataille héroïque et qui sont au nombre de trois actuellement, s'attèlent à la veille de chaque fête nationale, à perpétuer le souvenir des batailles menées par la katiba El Karimia, auprès de jeunes générations. Parmi eux, le moudjahid Bachouchi Mohamed, qui a évoqué, dans un entretien à l'APS, à l'occasion du 67eme anniversaire de déclenchement de la Guerre de libération nationale, "la surprise de l'ennemi français devant la bonne organisation du plan des moudjahidine qui ne leur a laissé aucune échappatoire". Il a assuré, en outre, qu'il ne manque jamais une occasion pour visiter le lieu de cette bataille mémorable, exprimant le souhait qu'elle soit enseignée aux généralisons actuelles pour qu'elle soit, "une source d'inspiration pour sauvegarder l'unité nationale et glorifier les sacrifices des chouhada, dont la seule ambition était de voir l'Algérie libre et indépendante". Au titre des efforts de préservation de la mémoire nationale, la section de Chlef de l'Académie de la mémoire algérienne, œuvre, en coordination avec des associations et la direction locale des moudjahidine, à la collecte et à l'enregistrement de données historiques et de témoignages des moudjahiddine de la région sur différentes batailles, dates historiques et biographies et parcours des chouhada. Selon des membres de cette organisation, la bataille de Beni Boustour demeurera un témoin vivant de l'héroïsme des moudjahidine, mais surtout de leur maîtrise de l'art de la guerre et du combat, qui leur a permis de battre les militaires français, en dépit de leurs moyens dérisoires. La même source a signalé l'enregistrement des témoignages de trois moudjahidine parmi ceux ayant pris part à cette bataille héroïque, à savoir Mohamed Bachouchi, Djebar Abderrahmane et Belkacem El Mahroug. Ces témoignages seront présentés lors de la célébration des fêtes nationales aux fins de perpétuer le souvenir des membres de la Katiba El Karimia, dont une majorité sont tombés au champ d'honneur lors de batailles ultérieures menées dans les monts de l'Ouersenis, a-t-on précisé de même source.