Plusieurs rescapés moudjahidine issus de diverses régions de la wilaya de Tizi Ouzou ont rejoint, mardi 6 janvier courant, le pic d'Ighil L'vir, un village de la commune d'Aït Yahia Moussa, dans la daïra de Draâ El Mizan, à 30 km environ au sud du chef-lieu de wilaya, pour se recueillir et déposer des gerbes de fleurs au pied de la stèle qui y est érigée à la mémoire de leurs anciens compagnons d'armes, tombés dans la mémorable bataille qui eut lieu à la même date dans cette contrée de la Wilaya III historique. Après un moment de recueillement, une troupe d'éléments de l'ANP a, à son tour, présenté les armes en signe d'hommage aux glorieux martyrs, et ce, en présence de nombreux citoyens, des autorités locales et de daïra, d'officiers de la gendarmerie nationale, de représentants de la wilaya, de l'ONM, de veuves, de filles et de fils de chouhada. Les organisateurs, notamment le bureau de la Coordination nationale des fils de chahids (CNC), les représentants de l'ONM et le maire d'Aït Yahia Moussa ont invité la foule à venir écouter des témoignages d'anciens maquisards, rescapés de la bataille du 6 janvier 1959, tenus dans la salle de sport de la maison de jeunes du chef-lieu communal. Néanmoins, en raison du manque de conditions appropriées, surtout d'une sono, les participants n'ont pu suivre convenablement les narrateurs. A relever que l'organisation de cette rencontre pour commémorer le 56e anniversaire de la bataille du 6 janvier 1959, à armes inégales, de katibas des wilayas III et IV contre des arsenaux de régiments de parachutistes des généraux Allard et Massu, a été très aléatoire. L'on a rappelé que la bataille avait été menée héroïquement par 600 à 700 maquisards contre une infanterie de dizaines de milliers de soldats, engagés spécialement par l'armée française et soutenus par une aviation de plus de 30 appareils qui avaient recouru à l'usage de napalm. Les témoignages de Rabah Bendif, un rescapé originaire de la région, et de Mohand-Saïd Challal, originaire de Ouaguenoune, appelé «Sportif» pendant la guerre, un rescapé aussi de la bataille, méritent d'être suivis pour comprendre amplement l'histoire de ces faits d'armes mémorables, d'autant que ces vaillants moudjahidine connaissent nom par nom cette vaste zone allant de Sidi Ali Bounab aux fins fonds de Draâ El Mizan. «Sportif» dira qu'il avait été blessé au napalm déversé par des avions lors de cette bataille qui a commencé vers 6h du matin, pour ne prendre fin que tard dans la nuit de la même journée à l'issue de combats au corps à corps. Selon lui, le chef de leur katiba, Moh-Oulhadj Belaouche, en remarquant en fin d'après midi de cette mémorable journée le début de retrait des soldats français, avait ordonné aussitôt aux djounoud de suivre l'ennemi dans son retranchement et même de s'y mêler si nécessaire, car il avait compris la stratégie du commandement de l'armée française, qui voulait isoler les moudjahidine de l'ALN afin de lancer sur eux son aviation. Ainsi, par méprise, celle-ci engendrera des victimes parmi ses propres soldats combattant à terre. C'est lors des combats au corps à corps, apprend-on, que les maquisards de l'ALN ont réussi à tuer le capitaine Jean Graziani, un parachutiste ayant fait la guerre d'Indochine et son camarade officier du nom de Chassin, ainsi que des dizaines d'autres soldats. Côté moudjahidine, l'ALN avait perdu 391 martyrs (282 maquisards et 109 moussebiline civils), en plus de nombreux blessés. Lors de cette opération, l'armée française avait aussi asphyxié aux gaz 45 autres civils coincés dans un gouffre au lieudit Feraoun, dans la zone située entre le massif de Sidi Ali Bounab (Tadmaït) et Aït Yahia Moussa (ex-Oued Ksari). Pour rappel, l'opération avait été engagée par l'armée française après avoir su, par renseignements, la présence de puissants effectifs de l'ALN-FLN dont d'importants chefs, notamment des Wilayas III et IV, qui devaient tenir une réunion dans cette zone forestière. Parmi ces chefs, figurent notamment les valeureux colonels Amirouche, Si El Houes, Si M'hamed Bougara, le commandant Ali Khodja…, avec leurs katibas.