La rapporteuse spéciale des Nations unies sur la situation des défenseurs des droits humains, Mary Lawlor, a souligné que les autorités marocaines "ont l'obligation de protéger" la militante sahraouie Sultana Khaya, assignée à résidence depuis novembre 2020, et qui continue de faire l'objet d'intimidations, de torture, viols, menaces et pratiques inhumaines. "La défenseure sahraouie des droits humains Sultana Khaya m'a dit qu'elle était détenue en résidence surveillée depuis plus d'un an, incapable de sortir, de recevoir quelqu'un ou d'aller chez quelqu'un d'autre y compris chez le médecin même lorsqu'elle est malade", a indiqué Mary Lawlor. "Sultana Khaya semble être en grave danger, sa santé se dégrade et est vulnérable à de nouvelles attaques. Les autorités marocaines ont l'obligation de la protéger", a-t-elle souligné. "Elle (Khaya) m'a raconté comment, après son arrestation en novembre 2020, elle a été détenue dans la maison de sa famille avec sa sœur et sa mère âgée, avec des dizaines d'agents de sécurité et que seule sa mère est autorisée à sortir pour aller chercher de la nourriture", s'est indignée la rapporteuse de l'ONU. Pourtant, a-t-elle précisé, Sultana a déclaré qu'elle n'avait été inculpée d'aucun crime et qu'elle serait prête à répondre à toutes les allégations portées contre elle. La rapporteuse de l'ONU a indiqué qu'elle s'était jointe en juin 2021 à d'autres experts indépendants des Nations unies pour interpeller les autorités marocaines sur le cas de Sultana Khaya, qui est une éminente défenseure des droits humains depuis de nombreuses années. "Une attaque contre elle en 2007 lui a fait perdre un œil et elle a été victime de diverses attaques en raison de son travail en faveur des droits humains. Aujourd'hui, elle est détenue pour une durée indéterminée dans des conditions difficiles", a déploré Mme Lawlor. "Sa maison a été dépouillée de presque tous les meubles et appareils électroménagers, et elle, sa mère et sa sœur dorment toutes dans la même petite pièce. Elle (Khaya) m'a dit que ces derniers mois, des agents de sécurité masqués avaient fait des descentes dans la maison à plusieurs reprises pendant la nuit, lui attachant les mains, lui bandant les yeux et la bâillonnant", a-t-elle encore déploré. "La militante sahraouie a aussi déclaré qu'au cours de ces raids, elle et sa sœur avaient été attaquées et violées. Elle a dit craindre constamment de nouvelles attaques. Elle a également décrit comment, lors de deux de ces raids, les assaillants lui ont injecté des substances inconnues et également jeté des liquides toxiques dans la maison, décapant les murs de la peinture et affectant sa santé", selon la rapporteuse de l'ONU.