Le Parlement européen (PE) a permis mardi au nouveau parquet européen de demander la levée d'immunité d'eurodéputés impliqués dans le scandale de corruption ayant éclaboussé l'institution continentale et dans lequel le Maroc est embourbé. Par une quasi-unanimité (610 voix pour, 26 voix contre et 9 abstentions), les eurodéputés, réunis à Strasbourg, ont accepté une modification du règlement intérieur de l'institution permettant au parquet européen de faire des demandes de levée d'immunité parlementaire. Jusqu'à présent, seules les autorités d'un Etat membre de l'Union européenne (UE) étaient en mesure de le faire. Mi-décembre, le parquet européen, instance indépendante en activité depuis 2021, a réclamé la levée de l'immunité parlementaire de la vice-présidente du Parlement européen, Eva Kaili, actuellement incarcérée dans le cadre de l'enquête sur des soupçons ainsi que celle d'une autre eurodéputée grecque, Maria Spyraki. La modification du règlement intérieur entrera en vigueur mercredi et la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, devrait faire dans la foulée l'annonce officielle du lancement de la procédure de levée d'immunité d'Eva Kaili et Maria Spyraki. Lire aussi: Une ancienne eurodéputée apporte son témoignage sur le "Marocgate" Cette procédure, qui compte plusieurs étapes et se termine par un vote dans l'hémicycle, prend plusieurs semaines. Eva Kaili fait partie d'un quatuor de suspects incarcérés après une inculpation pour "appartenance à une organisation criminelle", "blanchiment d'argent" et "corruption", dans le cadre d'un réseau à l'intérieur de l'institution continentale au profit du Makhzen. Le Parlement européen qui s'est retrouvé à son insu au coeur du "Marocgate", a décidé lundi de sévir contre le phénomène de la corruption au sein de l'institution. Sa présidente Roberta Metsola a, en effet, promis de s'attaquer implacablement aux eurodéputés qui se permettraient de s'adonner à de telles pratiques. "Nous prendrons des mesures pour renforcer la lutte contre la corruption et les moyens de combattre les ingérences étrangères", a promis Roberta Metsola, dans l'hémicycle du Parlement européen à Strasbourg, à l'ouverture de la première session plénière de l'année. Mme Metsola a souligné que "les événements du mois écoulé ont démontré la nécessité de rebâtir les liens de confiance avec les citoyens européens que nous représentons". La présidente du Parlement veut également que soient publiés les cadeaux, voyages ou rencontres des eurodéputés dans le cadre de leur mandat, mais aussi les sanctions infligées. Elle a affirmé, à ce titre, que ces mesures n'étaient que "le début et non la fin". "Nous allons commencer avec les mesures qui peuvent se mettre en œuvre rapidement", a-t-elle argumenté.