L'Association culturelle "El Djenadia" de Boufarik a animé, vendredi soir à Alger, un récital de chants andalous, également mené par de jeunes instrumentistes, dénotant d'une grande volonté à former et encourager les jeunes talents. Organisées à la Salle Ibn-Khaldoun par l'Etablissement Arts et Culture, les 18e "Andaloussiates El Djazair", ont accueilli sur la scène de cet espace mythique, une belle prestation de l'Ensemble "El Djenadia", qui a sublimé l'ancestralité et la profondeur historique du patrimoine musical andalou, représentant aujourd'hui "un héritage séculaire, transgénérationnel", selon son président, Abdelkader Essemiani. Dans des accoutrements de haute couture, ornés de broderies traditionnelles, une vingtaine d'instrumentistes de tous les âges, dont dix musiciennes de l'association El Djenadia, brillamment dirigés par le maestro Nassim Boughzala à l'Oud, ont enchanté l'assistance, peu nombreuse, avec un programme présenté en deux parties. Rappelant le génie créatif des poètes érudits et des grands compositeurs des siècles derniers, les prestataires de l'Ensemble El Djenadia, ont notamment rendu une Nouba dans le mode Sika et quelques "Hwaza" dans le mode Djarka. Inqileb "Wa melli bi djismi", b'taïhi "Zada el hobbo wajdi", "Istikhbar", derdj "Soltanet bnet el hay", n'çraf-khlass "Ya loun el âssel" et les kh'lasset "Ya men dara" et "Dir el oqqar", ont constitué les pièces rendues avec une grande maîtrise technique et artistique, durant la première partie. Dans des atmosphères conviviales, le ton relevé de l'orchestration caractérisé par les sonorités denses des instruments à cordes pincées, mêlées à celles aiguës, du ney et des violons altos, ainsi qu'aux cadences irrégulières des "nekkarates" (petites percussions à deux tambours), ont judicieusement restitué l'identité sonore de la musique andalouse dans sa variante Senâa. Les pièces, "Istikhbar", "Nechki bi amri", "Ya meyli sedr h'nine", "Ana touiri", et le Khlass Zidène "Ya ness Djaratli el gharayeb", ont orné le silence de la deuxième partie de la soirée, durant laquelle les quelques spectateurs présents ont cédé au déhanchement. Les solistes, Nassim Boughzala et Insaf Abdelbaki aux Ouds, ainsi que Sara Benmessaï et Meriem Si Ahmed aux violons altos, ont enchanté l'assistance avec leurs voix présentes et étoffées, aux tessitures larges. De leurs côtés, les solistes à l'instrument, Sirine Loucif au qanun (12 ans), Aylane Saïdani à la mandoline napolitaine (13ans), Dhikra Ait Ali au Oud, Yacine Azrou au piano, Imène Boudoukha au violon, Youcef Lekhel au ney et Idriss Benziane au banjo, ont fait montre de toute l'étendue de leurs talents, lors de l'exécution des istikhbars. Créée en 1985, l'association culturelle de musique andalouse, "El Djenadia" de Boufarik doit son nom au regretté Cheikh Boualem Djenadi (1903-1972), artiste de talent dans le genre Hawzi et Aroubi, natif de la région. L'Ensemble se fixe pour objectif la nécessité de "Faire revivre le patrimoine musical andalou et le perpétuer" et celle d'asseoir les fondements d'une "Ecole d'où émergeront les futurs talents et virtuoses dans le domaine de l'art andalou". Comptant à son actif une vingtaine d'albums, l'association "El Djenadia" de Boufarik a plusieurs fois été distinguée dans différentes manifestations de musique andalouse, en Algérie et à l'étranger. Organisées par l'Etablissement Arts et Culture de la Wilaya d'Alger, "Andaloussiates El Djazair", se pose comme un espace de rencontres et d'échanges entre associations, visant à donner de la visibilité aux Ensembles de musique andalouse de toutes les régions d'Algérie. Ouverte le 13 mai dernier, les 18e "Andaloussiates El Djazair" prennent fin samedi avec les prestations des Ensembles, "El Fekhardjia"d'Alger et "El Fen wen'Nachat" de Mostaganem.