L'ambassadeur de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en Algérie, Abdelkader Taleb Omar a fait savoir, mercredi à Alger, que le régime du Makhzen souffrait d'un "état d'hésitation et de confusion" dans la prise de ses décisions, du fait de la position de plusieurs Etats qui ne suivent plus sa politique à l'égard du conflit au Sahara occidental. Lors d'une conférence de presse organisée en présence de la militante française des droits de l'Homme, Claude Mangin, l'ambassadeur sahraoui a affirmé que l'hésitation est apparente à travers la politique de la chaise vide, l'absence et une timide représentation dans les fora internationaux et réunions onusiennes, à l'instar du Sommet africain sur le climat et de l'Assemblée générale (AG) de l'ONU. La confusion que vit le Maroc, selon le diplomate, s'explique par la décision de nombreux Etats de ne plus s'aligner sur la position marocaine à l'égard du conflit au Sahara occidental. Suite au séisme ayant récemment secoué le Royaume, le régime du Makhzen a choisi de refuser certaines aides, transformant, sans vergogne, la souffrance du peuple marocain en carte politique qui ne laisse plus planer de doute sur "ce régime extrémiste". "La France, soutien de longue date du régime de l'occupant marocain, se voit désormais contrainte de revoir ses décisions au sujet de l'Afrique", a souligné M. Taleb Omar, qui espère voir Paris rectifier sa position et sa politique vis-à-vis de la question sahraouie. "Sans la position française pro-Maroc, l'Etat sahraoui existerait aujourd'hui et serait indépendant", a-t-il dit, ajoutant que le Makhzen "veut que tous les pays reconnaissent sa prétendue souveraineté sur les territoires sahraouis". Concernant les audiences publiques de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE), prévues les 23 et 24 octobre en cours et consacrées aux accords commerciaux UE-Maroc prévoyant l'annexion illégale des territoires sahraouis, le diplomate a appelé la France et l'Espagne à mettre fin à leur soutien au Maroc et à respecter "les décisions prises par la CJUE à cet effet", à l'instar de celles de 2016 et 2018, qui affirment "la souveraineté permanente du peuple sahraoui sur ses territoires et ses ressources naturelles, et son droit inaliénable à l'autodétermination et à l'indépendance". S'agissant du revirement spectaculaire de la position du chef du Gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, qui est revenu sur son appui au pseudo "Plan d'autonomie" proposé par l'occupant marocain concernant le Sahara occidental, M. Taleb Omar a estimé qu'il "est encore trop tôt de juger cette décision", ajoutant que "seul le temps démontrera la véracité de cette position ou il s'agit uniquement d'une campagne visant à gagner des voix des partis soutenant les Sahraouis". "L'Algérie mérite la médaille d'honneur pour sa précieuse contribution en faveur des justes causes dans le monde, à leur tête le Sahara occidental", a poursuivi le diplomate sahraoui. Pour sa part, la militante française des droits de l'Homme, Claude Mangin a précisé que "les derniers développements survenus au Maroc notamment après le séisme, a dévoilé le vrai visage de ce système et ses manœuvres envers plusieurs pays dont la France qui l'a toujours soutenu et qui vient de se rendre compte qu'elle s'est trompée et qu'il était grand temps de reconnaitre que l'autodétermination est l'unique solution". La dernière visite de l'envoyé personnel du Secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura aux territoires sahraouis occupés est "un acquis pour le dossier sahraoui en prévision du rapport que soumettra le SG de l'ONU au Conseil de sécurité". La militante a abordé le programme "Pegasus" d'espionnage et comment elle en a été victime " pour une durée de neuf mois, pour le seul fait qu'elle soit l'épouse d'un militant sahraoui (Naâma Asfari) qui a sacrifié sa liberté pour sa juste cause", ajoutant que son téléphone a été piraté plus de 120 fois. Elle a également évoqué "la corruption utilisée par le régime marocain en vue de gagner ses soutiens et comment il a acheté les voix des députés du Parlement européen". Elle a également souligné que ces derniers temps, plusieurs journalistes en France "ont exprimé leur intérêt pour la cause sahraouie et tentent de connaitre ce qui se passe dans les territoires occupés", en faisant part de leur intention de se rendre dans la région. Claude Mangin a indiqué que sa visite en Algérie a pour objectif d'aider les enseignants de la langue française dans les camps de réfugiés sahraouis, en leur assurant un apprentissage correct de la langue française.