L'ambassadeur sahraoui à Alger, Abdelkader Taleb Omar a affirmé, lundi, que la France devait s'abstenir d'entraver les décisions du Conseil de sécurité concernant l'autodétermination du peuple sahraoui, indiquant qu'en faisant valoir son veto, "Paris veille à maintenir le statu quo et protéger la position marocaine au service de ses intérêts". Dans un entretien accordé à l'APS à l'occasion du 46e anniversaire du déclenchement de la lutte armée sahraouie, l'ambassadeur sahraoui a indiqué que le Conseil de sécurité a adopté, en avril, la résolution 2664 qui a réaffirmé le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination et appelé à la reprise des négociations entre les deux parties au conflit (Front Polisario et Maroc), à l'issue du rapport du Secrétaire général de l'ONU dans lequel il évoque clairement les violations commises par le Maroc, notamment en ce qui concerne l'entrave des missions de la Minurso. Le Front Polisario souhaitait que le conseil de sécurité, sur la base de ce rapport, lève ambiguïté concernant la solution politique et revendique l'accélération du processus pour permettre au peuple sahraoui de jouir de son droit à l'autodétermination, mais "la France s'y est opposé et a demandé la prorogation de la mission de la Minurso à une année au lieu de 6 mois, ce qui prouve que la France veut maintenir le statu quo et protéger la position marocaine", poussant ainsi la Russie et l'Afrique du Sud à émettre des réserves sur cette décision, a-t-il précisé. La Minurso est une mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental, "le Maroc et ses alliés doivent en être conscients", a-t-il rappelé, ajoutant que le Maroc n'est toujours pas satisfait des recommandations du Conseil de sécurité et veut des recommandations qui attestent de la légitimité de son occupation du Sahara occidental et annulent définitivement la question du droit à l'autodétermination, ainsi que les négociations". Lors du dernier round, le Maroc avait haussé le ton et voulu faire la promotion de "l'autonomie" au détriment du référendum d'autodétermination, ce qui est contraire à la légalité internationale, a-t-il rappelé, ajoutant que "Cela avait été rejeté par le Front Polisario en 2007". Dans ce contexte, le diplomate sahraoui a estimé que les manœuvres marocaines, la position française de soutien au régime marocain et l'Espagne qui n'assume pas sa responsabilité historique, sont autant de raison qui entravent l'aboutissement à une solution au conflit, ajoutant que de tels actions menacent le processus pacifique et la stabilité de la région. M. Taleb Omar a affirmé que "la France a entrainé l'UE et le Parlement européen à contourner les décisions de la Cour de justice de l'UE (CJUE) concernant les accords de partenariat entre l'Union et le Maroc, en dépit de la grande division au sein du parlement (entre abstention et rejet), ce qui dénote la prise de conscience quant au caractère illégal de ces accords qui incluent les territoires sahraouis et leurs eaux territoriales. "Le Polisario poursuit sa bataille concernant cette question et a fait appel devant la CJUE", a-t-il ajouté précisant que le Front Polisario souhaiterait que la CJUE émettent des décisions qui conforteraient ses premières décisions selon lesquelles "tout accord incluant les territoires sahraouis est nul et non avenu". Pour l'ambassadeur sahraoui, les Etats-Unis ont le mérite d'avoir créé une nouvelle dynamique au sein du Conseil de sécurité, en limitant le mandat de la Minurso à 6 mois au lieu d'un an et en écartant le renouvellement automatique du mandat sans parvenir à des solutions", appelant Washington à œuvrer en faveur d'une solution permettant au peuple sahraoui de décider de son avenir. Des contacts sont en cours avec les Etats-Unis, la Grande Bretagne et la Russie ainsi qu'avec tous les membres du Conseil de sécurité, et du congrès, et les parlements de ces Etats pour leur notifier la position du Front Polisario et leur demander d'adopter une position confortant la crédibilité de l'ONU, a déclaré M. Taleb Omar, ajoutant que la question sahraouie était "une question de décolonisation", ainsi la commission de décolonisation de l'ONU a demandé à la communauté internationale à accélérer le processus de décolonisation du Sahara Occidental. Le diplomate a souligné que le Sahara occidental était un territoire figurant sur la liste des 17 territoires non autonomes et plusieurs résolutions ont été adoptées depuis 1979, ainsi la résolution 3437 de l'ONU qui stipule clairement que le Maroc est une force occupante et que ce dernier et le Sahara occidental sont deux territoires "distincts". Le peuple sahraoui célébre, lundi, le 46ème anniversaire du déclenchement de la lutte armée sous la direction de son seul et unique représentant légitime, le Front Polisario, qui est un mouvement de libération luttant en faveur du droit à l'autodétermination et au recouvrement de l'indépendance.