Les mesures décidées par le Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, lors de la réunion du Conseil des ministres mercredi, sont rassurantes et pour les consommateurs et pour les entreprises, ont souligné jeudi des experts en économie. Sollicités par l'APS, ces experts sont unanimes à souligner la pertinence et l'impact positif attendu de ces décisions prises lors de la réunion du conseil des ministres consacrée exclusivement à l'examen et à l'adoption du projet de loi de Finances 2024, assurant qu'elles vont soutenir directement les prix, le pouvoir d'achat et la production locale. "La suppression de la taxe de l'activité professionnelle (TAP), va impacter la trésorerie de l'entreprise, et la réduction de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) pour les produits alimentaires importés et la production avicole va pouvoir protéger le pouvoir d'achat du consommateur et soutenir les entreprises, sachant que les prix de certains produits de large consommation ont été touchés fortement par l'inflation", a relevé l'économiste Kamel Kheffache, ajoutant que "la réduction de la TVA, qui va jusqu'à 19%, à un taux aménagé, aura un effet direct sur les prix". S'agissant de l'annulation de la TAP, cette mesure concerne en premier lieu les entreprises, a-t-il mentionné tout en estimant qu'elle répondait à "leurs attentes et devrait être ressentie dans leurs trésoreries". "Il est clair, l'Etat a décidé d'agir à travers ces mesures pour cibler les deux principaux acteurs de l'activité économique, qui sont l'entreprise et le consommateur final", a fait observer M. Kheffache. Au sujet de l'instruction du Président de la République sur l'amélioration du rendement fiscal par l'accélération et la généralisation du système de numérisation, cet expert a souligné la nécessité de mettre en œuvre cette instruction, pour permettre aux entreprises d'effectuer la déclaration fiscale en ligne de manière à aider l'administration fiscale à avoir des informations précises sur le niveau des recouvrements. "Parallèlement, il faudrait aussi faire des efforts pour intégrer le secteur informel dans le système fiscal, en intensifiant les contrôles et les actions de sensibilisation", a-t-il également recommandé. En ce qui concerne la construction de 250.000 nouveaux logements sociaux et ruraux, annoncée à l'occasion de cette réunion, M. Kheffache a affirmé que ce projet se veut "une réponse à la demande exprimée par les citoyens", soutenant que ces chantiers vont profiter notamment aux entreprises locales et devront contribuer à la création d'emploi. Dans le même esprit, l'expert en économie, Farid Benyahia a estimé, pour sa part, que les décisions du Conseil des ministres portant sur la l'annulation et l'allègement des taxes sont à la fois "importantes et rassurantes" et qu'elles vont aider à faire baisser les prix de produits de large consommation, surtout ceux importés. Cet expert a cependant préconisé d'accompagner ces mesures par "un contrôle de l'Etat de manière à les répercuter sur les prix" et de veiller également à améliorer le pouvoir d'achat par la valorisation de la monnaie nationale. Ces mesures rapides, qui vont permettre d'atténuer la cherté de la vie et d'alléger la situation des entreprises, devraient contribuer à l'Algérie d'être une puissance économique notamment au niveau africain, a-t-il ajouté. Suppression de la TAP: réduire les prix des produits de l'artisanat et lutter contre l'informel M. Benyahia a salué, par ailleurs, la décision de lancer des chantiers de construction de nouveaux logements, insistant toutefois sur la réalisation de cités dans le cadre d'un plan d'urbanisme intégré pour éviter le phénomène de l'inoccupation des habitations. Pour l'économiste Ishak Kherchi, la décision du président de la République relative à la suppression de la TAP, dans le cadre du PLF2024, "profitera au premier lieu à la catégorie des artisans, dont trois groupes distincts définis par les services du tourisme et de l'artisanat dans une nomenclature de 300 métiers". Il s'agit notamment, a-t-il expliqué, des artisans exerçant une activité liée à l'alimentaire, notamment les artisans de la poterie, du verre, des métaux, du tissu et du cuir et qui compte un grand nombre d'artisans. Le deuxième groupe concerne la production artisanale de certains matériaux, notamment du secteur minier, tels que les bijoutiers, les artisans de l'or et du bois ainsi que de l'ameublement, tandis que le troisième groupe englobe les activités de l'artisanat liées à l'installation, à l'entretien destiné aux différentes branches d'activité économique et aux particuliers, dans les domaines de la mécanique, de la décoration, des travaux de bâtiments et aux autres services d'habitats commerciaux et d'habillement. La suppression de la TAP "profitera donc à un large groupe d'artisans ayant un revenu moyen et sera répercutée sur les prix des produits de l'artisanat et permettra de manière indirecte à lutter contre le marché informel", a-t-il encore soutenu.