Le directeur du bureau Francis Lefèvre d'Alger explique que la suppression de la TVA ne profitera pas nécessairement aux petites bourses. L'érosion du pouvoir d'achat des Algériens, aggravée par une hausse vertigineuse des produits alimentaires de première nécessité, a soulevé le débat autour de la suppression ou le maintien de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Le premier à avoir lancé l'idée est le président-directeur général du groupe Cevital, Issad Rebrab. C'est, selon lui, le seul moyen pour permettre aux consommateurs algériens de supporter la majoration des prix de certains produits dont l'huile produite par Cevital. Il avait imputé cette situation à la hausse des matières premières sur le marché international et assurait que son entreprise ne pouvait ne pas la répercuter sur ses prix de vente au risque de vendre à perte. Devant l'augmentation des prix de nombreux produits de large consommation, plusieurs voix se sont élevées pour réclamer la suppression ou la réduction substantielle de la TVA dont le taux est actuellement de 17% pour l'ensemble des contribuables et de 7% pour certains produits. Le chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, n'a pas cédé à cette revendication. « Le gouvernement veut encourager la production nationale pour faire face à la hausse des prix sur les marchés internationaux des produits alimentaires de première nécessité, mais il n'envisage nullement de supprimer la TVA. Cette question est totalement évacuée », avait-il souligné en marge de l'ouverture de la session de printemps du Parlement. Pour Samir Sayah, directeur du bureau Francis Lefèvre d'Alger et expert en fiscalité, il n'est pas sûr que la suppression de cette taxe profite aux petites bourses. « On risque d'avoir l'effet inverse. Rien ne dit que les commerçants vont la répercuter en réduisant leur marge. Ce sont aussi les personnes du marché informel qui échappent au système fiscal qui en bénéficieront, mais pas les petits salariés. La TVA ne touche pas les producteurs, mais les consommateurs », souligne-t-il. La TVA est, selon lui, une taxe injuste. « Elle frappe sans distinction les ménages riches et les ménages pauvres. Celui qui touche 10 000 DA paye la même chose que celui qui touche 100 000 DA », note-t-il. Mais l'Etat ne peut se passer de cette manne qui lui génère d'importantes recettes. La TVA avec la fiscalité pétrolière représente en effet l'une des sources de revenus les plus importantes pour les pouvoirs publics, indique notre interlocuteur. « Après Sonatrach, c'est les travailleurs » qui renflouent les caisses du Trésor public, fera remarquer M. Sayah. En 2007, ce sont près de 400 milliards DA issus de la TVA qui ont été engrangés par le Trésor public. M. Sayah estime que si le gouvernement souhaite réellement remédier au problème du pouvoir d'achat des Algériens, il serait plus judicieux de réduire la pression fiscale en procédant à un abattement significatif de l'impôt global sur le revenu (IRG), tout en signalant que le nouveau barème en vigueur depuis le début de l'année en cours n'a pas eu les retombées escomptées. Les catégories de travailleurs concernées ont vu leurs salaires augmenter entre 100 et 300 DA, soutient M. Sayah.