La vice-présidente de l'Association marocaine des droits humains (AMDH), Khadija Ainani, a souligné mardi que ni l'Espagne, ni le Maroc n'avaient enquêté "sérieusement" sur ce qui est arrivé aux migrants lors du drame de Nador/Melilla le 24 juin 2022, quand au moins 37 d'entre eux ont été sauvagement tués par la police marocaine. "Nous avons vu que des choses très graves se sont produites, mais malheureusement jusqu'à présent, nous continuons à demander une enquête internationale sur ces événements, car aucune des parties, ni l'Espagne ni le Maroc, n'a enquêté sérieusement sur ce qui s'est passé et pour nous, ce sera toujours une question ouverte", a déclaré Ainani lors d'une réunion organisée par la Commission espagnole d'assistance aux réfugiés (CEAR) pour discuter de ce drame migratoire. Des journalistes de la BBC, de Lighthouse Reports et d'El Pais ont également participé à la rencontre, au cours de laquelle la CEAR a demandé "réparation" pour les proches des victimes et que "justice soit faite". "Chacun se souvient des 37 personnes tuées ce jour-là et des dizaines de personnes toujours portées disparues", a ajouté la CEAR. Selon Khadija Ainani, les autorités marocaines savaient "très bien" qu'il y avait "des centaines de personnes" qui allaient se rendre sur place pour tenter de passer la frontière. "Elles les ont laissées se rendre à cet endroit dans un espace de 200 mètres carrés, où elles ont été violemment attaquées par la police marocaine ou par la Garde civile espagnole et des bombes lacrymogènes ont été très utilisées des deux côtés de la frontière", a-t-elle dénoncé. De même, elle a souligné qu'"il n'y a eu aucune forme de secours ou d'assistance de la part des parties qui surveillaient ce qui se passait" à la frontière entre les deux pays. A ce stade, Khadija Ainani a indiqué que les blessés et les morts étaient restés "entassés les uns contre les autres" pendant une journée entière, regrettant qu'"aucun responsable n'ait été traduit en justice" pour ces événements. De leur côté, Ed Thomas et Adam Walker, de BBC News/Africa Eye, ont souligné que l'objectif de leur présence était de partager le "chaos" qu'ils ont vu dans cette affaire, regrettant qu'"absolument rien n'a été fait". Pour sa part, la journaliste d'El Pais, Maria Martin, a indiqué qu'il y a "beaucoup de choses" qui n'ont pas été dites à ce sujet par éthique. "Des atrocités ont eu lieu dont on n'a pas parlé. Des choses très brutales qui ont été faites à ces gens alors qu'ils gisaient par terre", a-t-elle précisé. Le 24 juin 2022, quelque 2.000 personnes, originaires pour la plupart du Soudan, du Soudan du Sud et du Tchad, ont tenté d'escalader les clôtures grillagées de 6 à 10 mètres de haut autour de Melilla, l'une des deux enclaves espagnoles en Afrique du Nord. Des experts de l'ONU estiment qu'au moins 37 personnes ont été tuées, et l'Association marocaine non gouvernementale des droits humains (section Nador) affirme que 77 personnes sont toujours portées disparues.