Le quotidien britannique "The Guardian" a consacré jeudi un article au Festival international du film du Sahara occidental (FiSahara), porte-voix de la lutte du peuple sahraoui pour l'exercice de son droit à l'autodétermination. Dans un article intitulé "L'art de la résistance : le festival du film du désert présente les histoires du peuple sahraoui", le célèbre quotidien anglais explique comment le cinéma est devenu un emblème de la société sahraouie et son arme dans sa lutte pour l'indépendance. Organisé cette année sous le thème "Khaimetna Fi Cinéma", ce festival annuel de cinéma, de culture et de droits de l'homme est "une fenêtre sur le monde", souligne le journal qui accorde un intérêt particulier à une "tente pas comme les autres". Une tente dressée pour mettre en valeur la résistance des femmes activistes sahraouies dans les territoires occupés par le Maroc, et pour "faire connaître le sort des Sahraouis et de leur patrie sur la côte nord-ouest de l'Afrique, occupée par le Maroc depuis 1976, date à laquelle a pris fin l'occupation espagnole sur ce territoire", dernière colonie d'Afrique. "De l'extérieur, la tente d'Asria Mohamed dans un camp de réfugiés pourrait être confondue avec une habitation nomade typique à quatre portes, utilisée par les Sahraouis, peuple du Sahara occidental, bien qu'elle soit plus petite", écrit l'auteur de l'article. Cependant, a-t-il poursuivi, "à l'intérieur, on retrouve une série de codes QR attachés à 19 melhfa, vêtements traditionnels portés par les femmes sahraouies, et qui ont été cousus sur les murs intérieurs de la tente, formant une tapisserie colorée". Selon "The Guardian", les visiteurs sont invités à scanner les codes QR pour plonger dans les histoires des femmes derrière chaque melhfa. "Lorsque vous vous approchez de 'Khaimetna', vous êtes subjugué par ce tissu coloré dont elle est faite et vous vous dites 'oh, c'est tellement beau'. Mais lorsque vous scannez les codes QR, vous obtiendrez des histoires d'horreur", a affirmé le concepteur de la tente au journal anglais qui relève que cette tente est "un symbole d'identité, d'espoir et de résistance pour le peuple sahraoui". "J'ai demandé à 19 défenseures des droits humains des territoires occupés de m'envoyer leurs melhfa", a-t-il raconté au "Guardian", soulignant que l'une des femmes lui avait envoyé une melhfa "tachée de sang lorsqu'elle avait été battue lors d'une manifestation." Le quotidien anglais, qui a saisi l'occasion pour faire connaître l'histoire du peuple sahraoui, son combat pour l'indépendance et ses souffrances dans les territoires occupés, a estimé que le festival "FiSahara" a marqué un tournant dans les camps, non seulement en tant que porte-voix de la lutte du peuple sahraoui pour son autodétermination, mais aussi en changeant le regard porté par les étrangers sur ce peuple et sur son combat. "Le fait que les Sahraouis réalisent des films sur eux-mêmes, fait partie du processus de décolonisation", a expliqué l'artiste, cinéaste et militant pour le climat, Mohamed Sleiman Labat. "Mon art n'est pas destiné au divertissement. Il vise à remettre en question notre perception, à remettre en question le statu quo et à souligner l'importance de donner de l'espace aux voix et aux récits sous-représentés", a ajouté ce Sahraoui des camps de réfugiés au journal anglais. Pour un autre Sahraoui, "Khaimetna" est comme une pièce de monnaie à deux faces : "Une de résilience et une de souffrance". "Même si nous sommes des réfugiés touchés par le conflit, si vous venez dans les camps, vous voyez des gens danser et apprécier la vie. Lorsque vous lisez l'histoire de chaque femme, vous verrez la souffrance mais vous verrez aussi leur côté positif, certaines d'entre elles sont désormais écrivaines", a-t-il ajouté, regrettant que "les Occidentaux ne montrent souvent que le côté victime des réfugiés". "Je voulais aussi montrer notre force", a-t-il conclu.