Les technologies intelligentes dans la gestion de l'eau et les foggaras, technique traditionnelle d'irrigation, ont été les thèmes d'une conférence-débat organisée par l'Algérie dans le cadre du 10ème Forum mondial de l'eau qui se poursuit à Bali, en Indonésie. Cet évènement, qui s'est déroulé en présence du ministre de l'Hydraulique, Taha Derbal, a constitué une opportunité de présenter les différentes méthodes de gestion des ressources hydriques, dont les techniques traditionnelles ainsi les nouvelles technologies en la matière, développées par des compétences algériennes. Dans une communication portant sur "les technologies intelligentes, l'innovation et les savoir-faire locaux, cas pratiques et solutions" pour gérer la ressource en eau de façon efficiente afin d'en réduire la consommation dans l'agriculture, la chercheure Amina Richa a présenté la plateforme numérique intelligente "Watermed 4.0" à laquelle elle a contribué en compagnie de chercheurs algériens des universités d'Oran et de Khemis Miliana. Elle a souligné que face au réchauffement climatique ayant induit une baisse des ressources hydriques, les besoins en eau sont de plus en plus élevés en particulier dans les pays du pourtour méditerranéen, d'où la nécessité de trouver des solutions innovatives et efficaces. Elle a précisé à ce propos que Watermed, créée en 2019, est un moyen permettant de gérer à distance et en temps réel les exploitations agricoles afin de développer une agriculture intelligente et rationnaliser la consommation d'eau, plaidant pour la généralisation de l'utilisation des nouvelles technologies notamment de l'intelligence artificielle dans le secteur de l'agriculture en Algérie. Le professeur de l'Université de Khemis Miliana, Sali Touil, également membre de l'équipe Watermed a, de son côté, donné des précisions détaillées sur le fonctionnement de cette technique qui permet d'améliorer grandement le rendement des cultures comme la pomme de terre, en calculant la quantité d'eau utilisée dans l'irrigation dans un champ afin d'éviter les pertes. La plateforme permet aussi de surveiller la qualité de l'eau, l'humidité, la température et la salinité, à l'aide de capteurs lesquels fournissent entre autres des données sur le climat, les végétaux et les sols, ce qui peut aider les agriculteurs et les exploitants. Les foggaras : un patrimoine culturel L'utilisation des nouvelles technologies dans l'agriculture à travers le monde, n'a pu remplacer les anciennes techniques de gestion d'eau, parmi elle les foggaras, une méthode de gestion d'eau ancestrale unique qui permet le drainage des eaux pour irriguer les champs et les oasis. La foggara est bien plus qu'un ancien système d'irrigation, "c'est un élément essentiel du patrimoine culturel et environnemental", a affirmé le professeur Ansari Taha dans son intervention sur ce système ingénieux qui a traversé les âges pour se perpétuer toujours dans le sud du pays. Ce système hydraulique démontre "la capacité des sociétés à s'adapter à leur environnement et à créer des solutions durables aux défis de la gestion des ressources", a-t-il souligné, en appelant à sauvegarder ces ouvrages de la disparition. "La préservation des systèmes de foggara est cruciale, non seulement dans un souci de continuité historique, mais également comme source d'inspiration pour des pratiques modernes et durables dans les régions arides et au-delà", a-t-il dit, en rappelant les efforts de l'Algérie pour préserver ce patrimoine.