La sécheresse historique qui frappe l'Afrique australe a plongé 26 millions de personnes dans l'insécurité alimentaire aiguë, a alerté mercredi le Programme alimentaire mondial (PAM) qui a besoin de 300 millions de dollars pour l'aide d'urgence. Celle-ci "ne peut pas attendre", a déclaré la directrice du PAM au Mozambique Antonella D'Aprile lors d'un point presse à Johannesburg. "C'est vraiment maintenant qu'il faut apporter son soutien", a-t-elle ajouté. Angola, Lesotho, Malawi, Mozambique, Namibie, Zambie et Zimbabwe sont les plus touchés. Dans de nombreux endroits, les paysans qui devraient déjà avoir semé à cette époque de l'année n'ont pu le faire, faute de ressources ou d'eau en attendant la nouvelle saison des pluies. "Si vous voyagez à travers le pays, vous ne voyez que des champs vides... La situation est vraiment désastreuse", a décrit Antonella D'Aprile à propos du Mozambique. "Les gens ont très peu ou presque rien à manger", a-t-elle relaté, "des milliers de familles survivent avec un seul repas" par jour. Au Malawi, le PAM a dû importer des denrées alimentaires pour fournir une assistance en raison des pénuries. "Près de la moitié des récoltes de maïs ont été détruites par la sécheresse causée par El Nino au début de l'année", a déclaré le représentant du PAM dans le pays, Paul Turnbull. "Les adultes ne mangent pas pour que leurs enfants puissent se nourrir, retirent les enfants de l'école et vendent tout ce qu'ils possèdent de valeur", raconte-t-il. La Zambie, connue comme le "grenier alimentaire de l'Afrique australe", se trouve "au bord d'une crise alimentaire", a averti Cissy Kabasuuga, directrice nationale du PAM. A ce tableau en Afrique australe, s'ajoutent plus de 25 millions de personnes confrontées à des niveaux d'insécurité alimentaire d'urgence en République démocratique du Congo (RDC), d'après Peter Musoko, représentant du PAM dans le pays. Une situation "due à un cocktail" de conflits, d'événements climatiques extrêmes et de crises sanitaires, comme les épidémies de Mpox, choléra et rougeole, a-t-il ajouté, et il n'y a "aucun soulagement en vue".