Le mouvement antidrogue en Espagne a demandé aux ministres de l'Intérieur et de la Justice de son pays et de plusieurs pays européens, qui se rencontrent vendredi à l'occasion d'un sommet contre le crime organisé, de se réunir avec le Maroc, premier producteur mondial de haschisch, pour contraindre ce dernier à mettre un terme au trafic de drogue vers l'Europe, selon le site espagnol abc.es. La demande de mettre un terme à cette activité criminelle a été exprimée par le président de l'association Alternativas del Campo de Gibraltar, Francisco Mena, aux ministres de l'Intérieur et de la Justice d'Espagne et de plusieurs pays européens, qui se réunissent à Cadix (sud-ouest de l'Espagne) pour la quatrième réunion ministérielle de la Coalition des pays européens contre le crime organisé. Tout en saluant la tenue de cette réunion, à laquelle participent les ministres de l'Intérieur et de la Justice d'Allemagne, de Belgique, de France, d'Italie, des Pays-Bas, de Suède et d'Espagne, Francisco Mena demande que "les deux parties parlent" de ce problème, pour qu'il y ait un dialogue entre l'Europe, en tant que territoire récepteur de la drogue, et le Maroc, en tant que pays producteur de ces substances. Il a notamment souligné que le Maroc "joue un rôle très important" dans le trafic de drogue, et que c'est pour cette raison que le dialogue doit avoir lieu avec l'Union européenne (UE) et ne pas être "une négociation bilatérale entre l'Espagne et le Maroc". "Ce que l'on voit ici n'est que la partie émergée de l'iceberg du trafic de drogue" en provenance du Maroc, a-t-il notamment prévenu, en référence aux bateaux de drogue qui arrivent par le fleuve Guadalquivir ou le détroit de Gibraltar, rappelant que "la destination finale" de ces drogues sont les marchés européens. Francisco Mena a notamment indiqué que la ville de Cadix en Andalousie peut montrer la voie, en raison de sa proximité avec le Maroc, cette ville étant "la première barrière contre le trafic de haschisch" en provenance de ce pays, premier producteur de cette substance au monde. L'Espagne est considérée comme le principal point d'entrée du haschisch marocain en Europe. En mars dernier, le journal espagnol "El Espanol" avait révélé un nouveau scandale autour d'un trafic de drogue entre la Péninsule ibérique et le Maroc, accusant la marine royale marocaine de complicité dans ce trafic à travers la participation de ses patrouilleurs à l'opération d'introduction de stupéfiants en Espagne. Dans un rapport publié le 19 avril 2024, l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) a, de son côté, souligné que la résine de cannabis, une des trois drogues les plus répandues au Sahel, provient du Maroc où une augmentation de la production a été signalée, atteignant environ 901 tonnes en 2022, un chiffre que d'autres sources considèrent inférieur aux volumes de la production marocaine réelle de cette substance dangereuse, que le Makhzen utilise comme une arme de déstabilisation régionale et un outil de chantage.