MUSKOKA (Canada) - Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a fait une intervention vendredi sur le thème paix et sécurité, du segment Afrique, à l'occasion du sommet du G8, qui se tient à Muskoka, au Canada, dont voici le texte intégral: "Monsieur le Président, Madame et Messieurs les Chefs d'Etat et de Gouvernement, Excellences, Mesdames et Messieurs, La volonté politique de l'Afrique de s'attaquer aux conflits et de relever le défi de la paix et de la sécurité est clairement exprimée par l'Acte Constitutif de l'Union africaine et le Programme NEPAD. Pour prévenir les situations d'instabilité et les conflits, l'Afrique met en œuvre depuis plus d'une décennie des programmes concrets et diversifiés visant à enraciner la bonne gouvernance politique. Elle a adopté nombre d'instruments juridiques et de plateformes politiques en faveur de la démocratie, et elle a donné des gages de sa détermination à faire face, individuellement et collectivement, aux tensions et à l'instabilité qui fragilisent le continent et obèrent ses potentialités dans tous les domaines. L'Union africaine a proclamé l'année 2010 "Année de la Paix". Cette proclamation n'est pas un simple slogan. Elle reflète la volonté des instances africaines de diffuser auprès des jeunes générations en Afrique les acquis de notre continent dans ce domaine crucial. Elle traduit également et surtout le souci de mobiliser les énergies à tous les niveaux pour intensifier l'action en vue de lever de manière effective et durable les nombreux obstacles sur la voie de la paix et du développement de notre continent. C'est dans ce but, précisément, que l'Union Africaine a édifié une architecture de paix et de sécurité dont plusieurs composantes essentielles sont déjà opérationnelles. Je veux parler en particulier du Conseil de Paix et de Sécurité, et du Comité des Sages. En outre, la constitution de la Force Africaine en Attente progresse de manière satisfaisante ainsi que le système d'alerte précoce. Ces deux outils constituent des priorités pour l'Afrique. En outre, les mécanismes propres aux Communautés Régionales font preuve de beaucoup d'efficacité aussi bien dans le domaine de la prévention que dans la gestion des crises dans leurs aires respectives. Ce sont les programmes formulés et lancés par l'Afrique qui, ayant reçu un accueil favorable du G8, ont servi de base pour engager un Partenariat ambitieux entre les deux ensembles. Depuis que ce partenariat a été engagé, l'Afrique a enregistré beaucoup de progrès. Ces progrès ont été rendus possibles, en particulier par la mutation qualitative que représente la transformation de l'Organisation de l'Unité Africaine en Union Africaine, dotée d'instruments plus adaptés pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits. C'est l'Afrique qui prend en charge elle-même ces opérations comme dans les cas de la Somalie, du Darfour et de la République Démocratique du Congo. Elle a cependant besoin d'un appui plus déterminé et constant de la Communauté internationale, en particulier de la part des membres du G8. L'Afrique a adopté une attitude énergique face aux défis posés par les changements non-constitutionnels de gouvernement, ce qui montre l'attachement de l'Afrique à la démocratie et à l'Etat de droit. Les résultats obtenus jusqu'ici se sont avérés décisifs dans tous les cas où les efforts conduits par l'Afrique ont reçu un appui sans équivoque de ses partenaires internationaux. La spirale de violence et l'instabilité qu'ont connues des pays comme la Côte d'Ivoire, la République Centrafricaine et la République Démocratique du Congo ont pu être jugulés avec l'apport de nos partenaires. En plus d'accompagner les processus de paix pour favoriser leur aboutissement, il est indispensable de maintenir la présence et le soutien des partenaires dans la phase post-conflit pour aider à relever les défis de la réconciliation et de la reconstruction. Dès les Sommets de Gênes et de Kananaskis, le Partenariat Afrique-G8 a été initié pour contribuer à aider l'Afrique à mettre en place et consolider son architecture de paix et de sécurité. Ce Partenariat figure naturellement au premier plan des engagements et des programmes acceptés par les deux parties. A cet égard et alors que l'heure est à l'évaluation de l'état de mise en œuvre du partenariat entre l'Afrique et le G8, je souhaite mettre l'accent sur les principaux axes qui devraient faire l'objet d'une concentration de nos efforts communs, pour donner une vigueur nouvelle à notre partenariat dans ce domaine vital. En premier lieu, la fourniture d'une assistance financière, logistique et technique, à l'Union Africaine et plus singulièrement à ses missions d'appui et de maintien de la paix devrait se matérialiser de manière à permettre à l'Afrique de faire face aux tâches immenses à accomplir. Il est essentiel, de ce point de vue, que l'Union Africaine puisse disposer de moyens suffisants sur une base durable et prévisible. En deuxième lieu, la formation, y compris des personnels de maintien de la paix, devrait tendre vers la réalisation des objectifs que le G8 s'est fixés et qu'il a annoncés lors des précédents Sommets. En troisième lieu, l'appui politique aux positions de l'Union africaine dans les autres instances régionales et mondiales, est de nature à donner encore plus de substance au partenariat et à renforcer l'appropriation par l'Afrique de ses stratégies en matière de paix et de sécurité. Nous sommes persuadés que notre rencontre de Muskoka permettra de donner un nouvel élan au Partenariat entre l'Afrique et le G8 dans tous les domaines et particulièrement dans ce domaine qui conditionne tous les autres : celui de la paix et de la sécurité. L'Afrique s'y investit avec beaucoup de foi et mobilise tous ses moyens. Elle sait pouvoir compter sur ses partenaires du G8 pour lui apporter leur appui et ce d'autant plus que la plate-forme africaine servira non seulement la stabilité et le développement en Afrique, mais elle sera aussi une contribution à la paix et à la sécurité internationales. Je vous remercie de votre attention".