La pièce de théâtre "Le conseil de discipline", écrite et mise en scène par Slimane Benaïssa, a été présentée samedi soir à la salle Atlas d'Alger. Regroupant des comédiens de l'ancienne génération du 4e art algérien, comme Mohamed Remas, Mustapha Ayad, Djamel Bouneb, Arselane, Brahim Chergui et Slimane Benaïssa lui-même, les faits de la pièce de théâtre se sont déroulés dans un décor figé, simple et sombre, marqué par une imposante carcasse d'une jeep de l'armée coloniale française, sur laquelle est écrit "vive le FLN". La scène se passe en Algérie en mai 1959. Une rixe entre deux lycéens, l'un algérien (Atmourt) et l'autre français (Jacomino), oblige le proviseur à réunir six professeurs, d'origine, de confession et de tendance politique différentes. Le but de la réunion était de trouver une solution "juste" et "objective" à la situation qui risquait de tourner au vinaigre et prendre de l'ampleur. Un climat tendu s'impose entre les cinq professeurs car chacun d'eux apportait au proviseur des arguments reflétant ses propres convictions politiques. Le professeur de français, Sultanat, un pied noir d'origine maltaise et celui de l'ajustage, un français de confession juive, qui ne cessaient de tenir des propos hostiles aux arabes, aux musulmans et au combat légitime du peuple algérien contre la colonisation française, étaient catégoriques dans leurs discours. Ils défendaient coûte que coûte Jacomino et cherchaient par tous les moyens à lui donner raison et de l'innocenter, pourtant c'était lui qui a blessé Atmourt d'un coup de couteau. Les autres professeurs, Tahar (prof de mathématique algérien, joué par Slimane Benaïssa), Mauzer, (prof de mécanique de nationalité française mais d'origine allemande) et Billard (prof d'histoire et de géographie, français communiste), essayaient d'être objectifs dans l'analyse de l'incident, mais ils dénonçaient le colonialisme et sa machine infernale à l'encontre du peuple algérien, qui ne revendiquait que son droit légitime à la liberté. Chacun cherchait à convaincre le proviseur de son point de vue. Le débat devient chaud et continue sans aboutir à une conclusion finale. En effet, parler de la bagarre entre les deux lycéens découlait toujours vers une discussion sur la question du peuple algérien. L'unique moyen pour arriver à une solution était de poursuivre la guerre, ou plutôt la révolution, cest ce qu'a laissé entendre la fin de la pièce. Les répliques entre les personnages étaient fortes en sens et pleines de métaphores et de symboles qui brossaient un tableau noir sur la vie que menait le peuple algérien pendant l'époque coloniale mais reflétaient en même temps, son courage, sa bravoure, son éveil et son amour de la patrie, une patrie à laquelle, il était près à sacrifier sa vie en toute fierté et détermination.