La situation de l'enfance au Sénégal a été passée au crible ces deux derniers jours par des spécialistes qui, s'appuyant sur des chiffres, ont enregistré des anomalies "inacceptables" à l'image de ce constat révélant que près de 50% des enfants "ne sont pas inscrits à l'état-civil". Réunis à la faveur d'un atelier de planification et de partage avec les médias publics, consacré à "la lutte contre la traite et les pires formes de travail des enfants", des responsables et scientifiques en charge des questions de l'enfance et de la démographie ont notamment conclu que "des enfants ne sont pas enregistrés à l'état-civil avec des disparités importantes entre régions et milieux socio-économiques". L'Enquête démographique et de santé du Sénégal (EDS) a établi que les enfants sont "nettement mieux enregistrés" en milieu urbain, avec 75% d'entre eux, qu'en milieu rural, avec seulement 44%. Rappelant dans le même ordre d'idées, que l'enregistrement des naissances à l'état-civil constitue "un moyen fondamental" pour préserver les droits fondamentaux des enfants, les participants à l'atelier étaient unanimes sur la nécessité de pallier cette situation. "L'enfant qui n'a pas d'acte de naissance n'a aucune existence légale et court davantage le risque de grandir sans avoir accès à l'éducation, à la santé, d'être protégé contre l'exploitation par le travail, les abus et les violences", a-t-on souligné. Dans un document intitulé "le droit des enfants à un environnement protecteur", on a expliqué que la protection de l'enfant fait référence à l'ensemble des dispositions prises pour "la préservation et la prise en charge de toute forme de violence, exploitation, travail, traite, pratiques traditionnelles néfastes à l'égard des enfants (mariage précoce, mutilations génitales féminines...)". Une autre étude sur les violences faites aux enfants, effectuée par l'association "Education et développement de l'enfant (EDEN)", a affirmé que les maltraitances contre les enfants, au Sénégal, "sont de plus en plus fréquentes et s'étendent bien au-delà des sphères traditionnelles de la famille et de la rue". Toutefois, il est indiqué que la violence se manifeste d'abord sous forme de sévices ou violence physique au niveau des familles avec plus de 80% des parents qui utilisent la violence pour éduquer leurs enfants, alors que d'autres peuvent, en plus de la violence, "être victime d'abus sexuel". En outre, des enquêtes soutenues par l'UNICEF et des ONG internationales, reproduites par des médias, ont évoqué des niveaux "alarmants" de la maltraitance des enfants, mettant en évidence "le lien existant entre violence et abandon scolaire". Dans le même contexte, un spécialiste a déploré que la question de la maltraitance des enfants qui englobe les violences physiques et psychologiques, commence dans les salles d'accouchement, appelant à la prise en charge de cette situation notamment à travers "la sensibilisation des sages-femmes pour éviter les accidents qui laissent des séquelles médicales et psycho affectives dramatiques". Gynécologue obstétricien dans un Hôpital de Dakar, le Dr Gorgui Diaw a, dans une communication, constaté que "le bébé arrive au monde avec beaucoup de bruits autour, quelques paires de claques pour le faire crier, le froid de la climatisation, le contact glacial de la paillasse, autant de violences qui laissent des traumatismes que les sages-femmes ont du mal à saisir". Le Dr Diaw dont les propos ont été rapportés par l'agence de presse sénégalaise, a énuméré "les formes d'accidents enregistrés dans les salles d'accouchement qu'on banalise" allant des plexus aux fractures de bassins, mettant en garde contre "ces accidents qui laissent des traces de traumatismes psychologiques et physiques pour toute la vie". En somme, les assises, qui ont duré quatre jours, avaient pour objectif de faire associer les médias en matière de "lutte contre la traite, la maltraitance et les pires formes de travail des enfants". La presse a été, dans ce sens, sensibilisée également sur le phénomène de la mendicité des enfants au Sénégal. Ce fléau touche environ 7.600 individus dans la région de Dakar, selon le Fonds de l'ONU pour l'enfance (UNICEF).