Annoncée la vieille après l'observation du croissant lunaire par Onze coups de canon, la célébration de l'Aid El-fitr marquant la fin du mois sacré de Ramadhan se caractérise au Maroc par le respect des coutumes et des traditions ancestrales. Une des pratiques rituelles est la visite des cimetières qui commence dès le 27ème jour du Ramadhan (Leilet El-Kadr, nuit du destin) pour se prolonger jusqu'au premier et deuxième jour de l'Aid. A Salé, ville séculaire séparée de Rabat par l'oued Bouregreg qui se jette dans l'Atlantique, les familles se rendent au cimetière Sid El-Hadj Ben Achaar, du nom du wali de cette cité faisant face à l'océan pour se recueillir sur les tombes de leurs aïeux. Ce cimetière se caratérise par son immensité et dont l'originalité est le cachet traditionnel de ses sépultures avec ses grandes pierres tombales dans le style arabo-mauresque. Durant ce jour de recueillement les familles sollicitent, moyennant quelques dirhams, les services d'un récitant de versets coraniques, et ce, après avoir lavé les tombes et versé de l'eau de fleur d'oranger dans des bols incrustés appelés Mecharba et Zalafa et destinés aux oiseaux qui viennent y boire et se poser sur le carré d'herbes et de plantes décorant les sépultures. Ce qui distingue ce jour particulier c'est certainement le port de l'habit traditionnel typiquement marocain. Hommes, femmes et enfants préfèrent, en effet, s'habiller dans la pure tradition pour rompre, l'espace d'un jour ou deux avec l'habit Roumi (occidental) porté à longueur d'année. Pendant ce jour de l'Aid, un festival de couleurs s'offre aux yeux des passants et où le kamis blanc est paradoxalement rare. L'Aid coïncidant cette année avec un vendredi, les familles ont préféré reporter les visites et les sorties jusqu'après la prière de Djamouaa. Durant la matinée les cabines téléphoniques, en grand nombre dans la capitale marocaine, ont été prises d'assaut par les Rbatis pour souhaiter la bonne fête vu que l'option SMS pour la présentation des voeux connaît une saturation habituelle en ce jour d'Aid. Pendant ce temps, l'habituel Tabal (Tambourineur) qui annonçait le moment de l'Imsak (S'hour) s'est reconverti en "precheur des bonnes paroles" priant contre quelques pièces offertes par des âmes charitables, le Seigneur de préserver la santé, la paix, le bonheur et la prospérité de chaque foyer en ces Aouachir Mabrouka (Bonnes fêtes).