"DZ, imigris", une pièce adaptée du texte de Mrozek "Les émigrés", s'est produite samedi soir pour la première fois au Centre culturel algérien de Paris. Devant une assistance clairsemée, le spectacle d'une heure et dix minutes, relate les déboires de deux émigrés, l'un intellectuel et l'autre ringard et analphabète que tout sépare à l'exception du souvenir d'un ailleurs commun, l'Algérie. Le premier, journaliste de son état désigné sous la lettre D, était connu dans son pays d'origine pour ses écrits critiques et ses "envolées" philosophiques. Il rêvait de devenir un journaliste de renommée mondiale. Le rôle, campé par Niddal El Mellouhi, également metteur en scène de la pièce, incarne un personnage forcé à l'exil, persécuté par la hydre terroriste. Le second, Nabil Labres, a émigré clandestinement (harrag), laissant au bled femme et enfants. Sa situation de sans papiers en France n'est pas faite pour améliorer son quotidien, lui qui a quitté la terre natale avec un seul objectif : amasser de l'argent et revenir au bled vivre décemment. Mais l'un comme l'autre se rendent à l'évidence cinglante : l'exil n'est pas toujours la clé de voûte à ses problèmes et le rêve tant caressé d'un avenir meilleur dans un pays qui n'est pas nécessairement une terre d'accueil, est difficilement réalisable. Présentée par la compagnie théâtrale Tin Hinan, cette pièce a déjà été présentée au public lors de tournées en Algérie en 2009 et 2010. Selon Niddal El Mellouhi, une version française du show est en chantier. L'objectif étant de toucher un plus large public à travers des productions dans des salles parisiennes. La compagnie Tin Hinan a été fondée en 1997. Sa première consécration a été avec "Habil et Habil", qui a décroché le prix du meilleur texte et de la meilleure musique au festival national du théâtre à Sidi Bel-Abbès. Cette pièce a été adaptée en langue française dans le cadre d'une coproduction avec le théâtre des Treize-Vents de Montpellier.