Le secrétaire d'Etat chargé de la Communauté nationale à l'étranger, M. Halim Benatallah, a insisté samedi à Paris sur le devoir de cultiver la mémoire de "ceux qui ont versé leur sang pour que l'Algérie recouvre son indépendance". S'exprimant au cours d'une réunion avec les encadreurs et des parents d'élèves de l'école internationale algérienne à Paris, M. Benatallah a déploré que "beaucoup d'élèves ignorent à quoi renvoie la date du 17 octobre 1961", jour durant lequel des centaines d'Algériens ont été jetés dans la Seine pour avoir manifesté contre le couvre-feu raciste imposé par le préfet de police d'alors, Maurice Papon. "Très peu d'élèves questionnés sur cette date savent à quoi celle-ci renvoie", a-t-il regretté, estimant qu'il est "inconcevable" que les enfants de l'émigration "n'aient pas la moindre connaissance d'un fait qui a eu pour théâtre le sol d'accueil et dont les grands-parents, pour certains, ont été les acteurs". Pour M. Benatallah, la responsabilité de cultiver la mémoire nationale incombe tant aux enseignants et à l'encadrement qu'à l'Etat. Le secrétaire d'Etat à la Communauté nationale à l'étranger a suggéré, à la direction de l'établissement, d'organiser des visites aux élèves vers les lieux de mémoire en France, tels que le pont Saint-Michel par lequel des dizaines d'Algériens ont été jetés dans la Seine, lors d'une répression sans précédent d'une marche pacifique. Il a également invité les parents à laisser leurs enfants suivre le débat qui sera diffusé lundi soir sur Canal Algérie sur les massacres du 17 octobre 1961. "C'est une orientation décidée en partenariat avec le ministère de la Communication pour permettre à la communauté nationale à l'étranger, la nouvelle génération notamment, de prendre conscience des sacrifices consentis par les glorieux martyres de la guerre de libération nationale", a-t-il dit. Lors du débat, des parents d'élèves ont soulevé un "problème infrastructurel" auquel fait face l'école, ouverte en 2001. "Les élèves, les lycéens notamment, sont hyper-fatigués du fait du volume horaire qui leur est imposé", a soulevé un parent d'élèves pour qui la solution résiderait dans l'ouverture de nouveaux locaux pour pouvoir accueillir un nombre "sans cesse croissant" de demandes de scolarisation dans cet établissement. Le directeur de l'établissement, M. Djebaïli a évoqué, dans ce sens, "l'urgence" de séparer les élèves selon les catégories d'âge en ayant indépendamment une école primaire, un collège et un lycée. Pour l'heure, faute de locaux, les élèves sont répartis, sans considération du facteur d'âge, sur deux sites (Boileau et Passy). Tout en prenant acte de cette doléance, M. Benatallah a indiqué que celle-ci ne "pourrait justifier les lacunes quant au devoir de cultiver la mémoire". Interpellé sur la demande éducative de "plus en plus importante" dans cet établissement, il a indiqué qu'un travail a été engagé en partenariat avec le ministère de l'Education nationale pour encourager l'enseignement en ligne et pallier, un tant soit peu, le manque infrastructurel. M. Benatallah a également fait part de la volonté de son département à encourager, à la fin de l'année scolaire, les lauréats des examens du baccalauréat et du BEM qui seront honorés au même titre que leurs compatriotes en Algérie. "C'est une manière de permettre à cette école de gagner davantage en crédibilité", a-t-il dit.