Le professeur Ahmed Djebbar a réussi à retenir l'attention de l'assistance venue nombreuse suivre sa conférence "Sciences et sociétés en pays d'Islam : l'exemple de la philosophie et des mathématiques", donnée lundi après-midi au Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC) d'Oran. L'enseignant à l'université des sciences et techniques de Lille et spécialiste en histoire des mathématiques a parlé des "premiers contacts" des musulmans avec la science. "Les conquêtes musulmanes ont permis de fonder un vaste empire marqué par une population multilingue, multiconfessionnelle et multiculturelle, fédérée par une islamisation partielle et progressive", a-t-il souligné. Ahmed Djebbar a indiqué que la période allant de 610 à 754, celle qu'il a nommée "le temps du savoir-faire" sera celle durant laquelle les savants et les penseurs seront sollicités pour régler scientifiquement "des problèmes qui se rapportent, entre autres, à la répartition des bénéfices, au calcul de l'assiette des impôts, à la répartition de l'héritage, du calendrier lunaire, de la direction de la Mecque". La seconde période, celle de "la tradition musulmane", s'étendant de la période 754 à 900, a été marquée par l'élaboration d'un nouveau savoir savant. "C'est la période de l'appropriation des anciens savoirs contenus dans les écrits syriaques et persans, des écrits mésopotamiens, sanscrits et persans", a-t-il précisé en indiquant que cette période a vu le début des travaux de traductions. Le conférencier a avancé plusieurs facteurs qui ont contribué au développement et à l'essor des sciences en terres d'Islam, comme "la fluidité de la circulation des savoirs, la non immixtion des pouvoirs religieux ou politiques dans la pratique scientifique, l'industrie du papier qui a permis la démocratisation du savoir et sa diffusion à grande échelle". "L'âge d'or des sciences arabo-musulmanes" se situe entre le 9e et le 11e siècles grâce "à l'enseignement, à la juxtaposition des sciences, aux découvertes et innovations et à l'apparition de nouveaux pôles de savoir et de foyers scientifiques à Cordoue, Samarkand, le Caire et Marrakech". Enfin, il a situé "la période des affrontements, de la créativité et de l'appropriation" du 12e au 14e siècles, marquée par "les offensives des croisades et des mongoles mais aussi par des recherches fécondes menées dans plusieurs nouveaux domaines comme la mécanique, l'optique, la médecine, l'astronomie". Un débat a suivi la présentation de cette conférence, soutenue par la projection de copies de documents iconographiques et historiques expliquant les avancées enregistrées par les sciences arabo-musulmanes en cette période. Ahmed Djebbar interviendra, mardi, au pôle universitaire de Belgaïd sur le thème "la phase arabe de l'algèbre".