La région Moyen-orient-Afrique du nord (Mena) pourrait devenir un acteur important et prendre place aux cotés des puissances émergentes si elle venait à relever les défis du chômage, qui touche une population jeune, la maîtrise des grandes richesses et l'investissement dans les grandes infrastructures, a-t-on indiqué au Forum économique mondial (WEF), qui se tient à Marrakech. La plupart des intervenants à ce forum ont mis en avant la nécessité de prendre en main les potentialités de la jeune génération, qui constitue 60 % de la population de la région Mena par un système éducatif fort et producteur de talents pour soutenir la prospérité de la région sur le long terme. Pour Klaus Schwab, fondateur et directeur du Forum économique mondial, il faut sortir du modèle "étudiants en tant que récepteurs passifs" pour évoluer vers un modèle de jeunes leaders actifs et innovants, capables de faire preuve d'esprit critique. Les participants ont soulevé la question du rôle que doivent jouer les jeunes dans le développement économique des pays de la région Mena dans le monde du travail, marqué par la montée du chômage qui touche 25 % de cette frange de la population. Pour cela, il a été recommandé d'instaurer un système éducatif compatible avec le marché de l'emploi et d'encourager économiquement les jeunes formés à l'étranger à revenir dans la région. Concernant les richesses de cette région, qui détient 56 % des réserves mondiales prouvées de pétrole, les participants au WEF ont recommandé d'assurer la transition énergétique vers le développement des énergies renouvelables pour poursuivre le rythme de la croissance. Les intervenants ont, en effet, soulevé la question de la sécurité énergétique qui constitue, selon eux, un réel risque pour la région surtout que ces ressources fossiles, nonobstant leur importance, "sont en déclin en termes de sécurité énergétiques". D'autre part, la rareté de l'eau dans la région Mena est l'un des thèmes abordés lors de ce forum. Selon Kristel Van der Elst, co-auteur du rapport Global-Risks 2010, ''si rien n'est fait, la quantité d'eau disponible par personne (350 millions d'habitants) va chuter de moitié d'ici 2050'' du fait des fortes perspectives de croissance et des effets de changement climatique. Par ailleurs, l'un des principaux défis auxquels doivent faire face les pays de la région Mena est relatif au risque de sous investissements en infrastructures routière et portuaire. Selon Shamschad Akhtar, vice-présidente de la section Mena, la région doit investir 550 milliards de dollars en investissement d'infrastructures. Les disparités entre les pays de la région sont à ce niveaux considérables, a-t-on souligné au Forum, et le manque d'investissement dans les infrastructures serait un des facteurs à l'origine des challenges autour de l'énergie et de l'eau ainsi qu'un risque chronique pour la croissance des pays de la région. Le co-président du sommet de Marrakech, Carlos Ghosn, PDG du groupe Renault-Nissan a insisté sur deux principaux défis auxquels doivent faire face les pays de la région Mena pour développer leur attrait pour les investisseurs. Le premier d'entre eux est que l'Etat doit assumer sa responsabilité dans la mise en place d'un environnement propice pour les affaires particulièrement en matière d'infrastructures. Le second concernerait le développement de nouvelles techniques d'investissement à la fois du secteur public et du secteur privé. Il s'agit en fait d'arrimer la région aux plus grosses économies mondiales, qui doit passer par la promotion de partenariats public-privé, a-t-il souligné.