Le Centre culturel algérien a organisé vendredi soir une rencontre thématique consacrée à la réussite professionnelle des Algériens à l'étranger. Par choix ou contraintes à l'exil, les personnes interrogées ont toutes démontré que cette réussite, qui n'est jamais fortuite, est à la portée de tous et dédiée d'abord à l'Algérie à laquelle ils n'ont en vérité jamais renoncé. La soirée qui a drainé un public important issu de la communauté algérienne établie en France venu se ressourcer dans cet espace culturel, qui les relie à leurs origines, a donné l'occasion à des Algériens de livrer leurs impressions et revenir sur leur pas pour raconter avec fierté pour les uns, humilité pour d'autres, leurs parcours respectifs dans les sentiers sinueux de la réussite. D'abord déclinée sur la présentation du réseau maghrébin Maghtec, cette rencontre a permis à son coordinateur algérien, Abdelkader Djeflat, président du conseil scientifique d'éclairer l'assistance sur les missions de ce tissu de chercheurs, maghrébins soucieux d'intervenir sur une réflexion rénovée susceptible de contribuer au développement social de la région et des pays qui la composent. Un exemple qui démontre une fois de plus que les valeurs de la réussite se construisent dans la durée et l'opiniâtreté. Né dans la ville tunisienne de Sfax en 1994, le réseau Maghtec devait voir le jour en Algérie. La tragédie nationale qui a affecté le pays en a décidé autrement. Au moins trois bonnes raisons auraient conduit à sa création, selon son président. Il s'agissait, a-t-il expliqué, de mettre fin à l'état stationnaire auquel est parvenue la réflexion sur la liaison technologie-développement vers la fin des années 1980. Ce réseau de chercheurs étaient également interpellés sur la prolifération de manifestations scientifiques sans lendemain, sur l'absence de continuité dans la réflexion et, enfin, sur l'absence d'une masse de chercheurs permettant de créer des synergies et des dynamiques capables de favoriser la croissance. Pour M. Djeflat, la problématique essentielle a, par conséquent, tourné autour des stratégies pour intégrer les sciences et les technologies dans le développement des pays du Maghreb individuellement et collectivement, d'inscrire la question dans le contexte des économies en transition, comme celle des pays du Maghreb et lier la question aux mutations de l'économie mondialisée. Parti avec une quarantaine de membres réunis à Sfax, sans pratiquement de ressources, le réseau réunit à l'heure actuelle quelque 350 chercheurs, entrepreneurs, décideurs publics et couvre plusieurs disciplines. Le réseau a également publié plusieurs ouvrages, revues, thèses de doctorat et créé un master en ingénierie des projets de coopération à l'université de Lille en 1998, dirigé par M. Djeflat qui a, depuis, formé plus de 300 diplômés. Ce master a été désigné au palmarès des 10 meilleurs masters en management de projets en France. L'institutionnalisation progressive du réseau dans différents pays, notamment en France, en Algérie et dans d'autres pays maghrébins a accrut sa légitimité. Actuellement, il occupe une place importante sur la scène maghrébine, euro-méditerranéenne et internationale. La deuxième partie de la soirée à été consacrée à Iliès Halfaoui, un jeune réalisateur algérien, informaticien de formation et qui, parti d'une idée originale, a réalisé un film documentaire sur la réussite professionnelle des Algériens en France et dans le monde. En 2002, il n'avait que 17 ans lorsqu'il quitte son pays natal pour poursuivre ses études dans une prestigieuse école d'informatique à Paris. Très vite, il est confronté aux obstacles que rencontrent la plupart des étudiants étrangers. Choc culturel, suivant les premiers mois de leur arrivée, obstacle pour se loger, étudier travailler ou vivre tout simplement. Réussir dans ces conditions relève de l'exploit et les échecs sont nombreux. Dans son film, il explique que la réussite professionnelle est une question à la fois complexe car elle rappelle toutes les difficultés du parcours et en même temps simple car en vérité réussir peut être à la portée de chacun pour peu que l'on s'y mette. C'est ainsi que l'idée du documentaire "Algériens du monde" a germé. Huit ans plus tard, il va à la rencontre de ses aînés, pour connaître les secrets de leur réussite. Le synopsis est ainsi construit sur la rencontre avec cinq personnalités algériennes aux parcours aussi riches les uns que les autres. On voit alors défiler sur l'écran, le romancier de renommé mondiale, Mohamed Moulessehoul (Yasmina Khadra) qui, converti de l'officier à l'écrivain de talent, choisit un prénom féminin pour écrire des romans mondialement appréciés et dont le parcours atypique, la personnalité riche complexe et l'écriture fascinante suscite admiration et controverse. Tamym Abdessemed, une autre figure de la réussite est professeur de management diplômé de l'Ecole HEC dont il est sorti lauréat de la liste du Président en 1994, et titulaire d'un DEA de management et stratégie de l'université de Paris-X Nanterre et Docteur HEC en sciences de gestion. Hadj Khelil, quant à lui, abandonna une carrière dans la finance à la City pour développer l'agriculture biologique, le commerce équitable (en Algérie notamment) et replanter des arbres dans le désert. A 27 ans, il fonde en 2001 une société de négoce en matières premières, Bionoor, spécialisée dans l'importation de dattes, dont il est neuf ans plus tard le patron heureux et prospère. Bassim Karkachi, ingénieur de formation en Telecom Sup Galilée Paris, capitalise pour sa part plus de 20 années d'expérience comme entrepreneur à l'international dans la High Tech, dont 14 ans en Silicon Valley aux USA. Ancien conseiller en investissement High Tech à la Silicon Valley avec la société américaine PacifiCap llc (US/ASIE), il a analysé pendant 10 ans plus de 200 start-ups, pour arrêter les décisions d'investissements. Il a notamment créé plusieurs filiales à l'échelle internationale pour des sociétés américaines, notamment en Algérie de 2003 à 2009. En France depuis 2009, Bassim Karkachi est aujourd'hui président de la section internationale britannique APESEB.org pour le maintien du bilinguisme chez l'enfant de la maternelle jusqu'au lycée. Il est aussi membre-fondateur de l'ACA (Association des compétences algériennes) en Algérie, et du lecodev.com au Canada. Samira Fahim, quant à elle, est chirurgien-dentiste. En 1994, elle quitte l'Algérie pour faire une année de spécialisation à Paris. Deux années passent et Samira est convaincue qu'elle n'a pas envie de terminer sa spécialisation. Elle inaugure alors en 1996, la peur au ventre, "La Bague de Kenza", une pâtisserie exclusivement algérienne, dit-elle, avec l'aide de son ami d'enfance et associé Lahcène Rahmani. Quatorze ans plus tard, elle est à la tête de 6 boutiques de goûts et saveurs de son Algérie natale à Paris et dirige 30 salariés. Femme de caractère et femme d'affaires, Samira Fahim est avant tout au service du goût et incarne l'âme de "sa" maison. Interviewés par le réalisateur, ils ont tous affirmé que la réussite est à la portée de tous et qu'il est possible pour un Algérien de réussir sans renoncer à son algérianité et ils l'ont démontré.