Le diplomate français, Stéphane Hessel, l'un des rédacteurs de la Déclaration universelle des droits de l'homme, est revenu longuement jeudi sur le livre qu'il vient de publier et dans lequel, à travers le titre sans équivoque, "Indignez-vous", il exprime ses colères sur la politique française en matière d'immigration et réitère ses engagements pour la cause sahraouie et la question palestinienne. Dans un entretien à l'hebdomadaire "Politis", ce citoyen du monde pointe ses indignations sur le gouvernement français et donne le ton, affirmant qu'il "juge très sévèrement, la politique d'immigration de la France" et rappelant qu'en 1985, il a présidé une commission sur l'immigration avec la volonté de faire de la France "un pays multiculturel". Il soutient également que depuis toujours, il est "très critique sur la politique qui est appliquée en France", estimant que "nous pourrions donner l'exemple d'un forte politique d'intégration". Au lieu de quoi, a-t-il poursuivi, "nous nous sommes laissé prendre par la peur : ils sont trop nombreux", soulignant que "si l'immigration pose un problème, ce sont ces problèmes qu'il faut essayer de résoudre et non pas répondre par des expulsions". "Nous devons bâtir une société dont nous soyons fiers, pas cette société des sans-papiers, des expulsés, et des soupçons à l'égard des immigrés. Pas une société où l'on remet en cause les retraites, les acquis de la sécurité sociale, pas cette société où les medias sont entre les mains des nantis, toutes choses que nous aurions refusé de cautionner si nous avions été les véritables héritiers". Interrogé sur des articles de la Déclaration universelle des droits de l'homme qui lui paraissent aujourd'hui cruciaux, il cite les droits économiques et sociaux, l'emploi, la sécurité sociale, l'enseignement et les libertés publiques "où des progrès ont été faits dans le monde" , relevant qu'en France, en revanche, "On ne peut être heureux, ni sur le logement, ni sur l'école, ni sur la sécurité sociale ni sur les retraites qui sont en danger". Sur le plan international et sensible à la cause sahraouie, Stéphane Hussel, regrette que "peu de gens s'intéressent à cette question" et relève que "Les Nations- Unies se heurtent à l'obstination marocaine" dans le règlement de ce problème de décolonisation. "La charte de l'Onu proclame explicitement le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et les Sahraouis ont donc le droit de disposer d'eux-mêmes". Abordant le drame de Ghaza, il affirme qu'il apporté son parrainage au tribunal Russel qui se propose de remettre le droit international au centre de la question israélo-palestinienne, rappelant que ce tribunal a ciblé l'Union européenne dans le mesure où elle devait sanctionner les violations des droits de l'homme à l'égard des palestiniens. Sur l'appel "Boycott, Désinvestissement, Sanctions" qu'il a signé contre Israël, il a émis l'espoir que cet appel "donnera lieu à une démarche forte".