L'épidémie de choléra, qui sévit depuis plus d'un mois en Haïti faisant plus d'un millier de morts, continue de gagner du terrain dans le pays suscitant plusieurs appels au report des élections présidentielles et législatives prévues la semaine prochaine. Depuis le début de l'épidémie à la mi-octobre, 1.250 personnes en sont mortes, selon un dernier bilan des autorités haïtiennes communiqué dimanche par le ministère haïtien de la Santé, soit 64 de plus que dans le précédent bilan diffusé vendredi. Quant au nombre d'hospitalisations, il a atteint 20.687 depuis le déclenchement de l'épidémie et 52.715 cas de contamination ont été recensés, selon les autorités sanitaires. La majorité des cas de choléra et des décès se concentrent dans le département de l'Artibonite (nord), où s'est déclarée la maladie tandis que dans la capitale Port-au-Prince, où se trouvent de nombreux camps de réfugiés du séisme dévastateur du 12 janvier dernier, le nombre de décès s'est alourdi à 64, dont 20 enfants, indiquent les chiffres officiels. Face à l'ampleur de cette maladie qui fait rage dans l'île des Caraïbes, l'ONU a estimé dimanche que l'aide internationale était "loin d'être suffisante". "Nous avons reçu jusqu'à présent moins de 10% de ce dont nous avons besoin", a déploré le coordonnateur humanitaire de l'ONU en Haïti, Nigel Fischer alors que les Nations Unies ont lancé un appel à l'aide de 164 millions de dollars. De son côté, l'ONG Médecins sans frontières (MSF) a dénoncé vendredi dernier la "lenteur" du déploiement des secours face à la progression de l'épidémie et appelé "tous les acteurs à renforcer leur action". La crise liée au choléra a, par ailleurs, dégénéré ces derniers jours en violents heurts, entre des soldats de la mission de l'ONU en Haïti et les manifestants qui protestaient contre la gestion de l'épidémie par les autorités, durant lesquels trois personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées. "Si la violence continue, ce sont les plus vulnérables qui vont en payer le prix", a prévenu Myrta Kaulard, représentante du Programme alimentaire mondial (PAM) en Haïti. Parmi les revendications des émeutiers, des jeunes pour la plupart, le report de l'élection présidentielle pour mieux gérer l'épidémie. Dans le même contexte, quatre candidats à la présidentielle ont appelé les autorités haïtiennes à reporter le scrutin en raison de l'aggravation de l'épidémie de choléra. Cet appel a été lancé dimanche par Josette Bijou, Gerard Blot, Garaudy Laguerre et Wilson Jeudy qui ont demandé aux autorités de "repousser la date des élections, d'établir et de publier un plan de lutte contre l'épidémie de choléra qui menace la vie de tous les Haïtiens". En revanche, le candidat favori Mirlande Manigat, a indiqué qu'il n'était pas raisonnable de reporter les élections, soulignant que "le peuple est prêt à voter" tandis que les principaux postulants ont exhorté les autorités à tenir le scrutin "à la date prévue pour éviter l'instabilité politique dans le pays". Quelque 4,7 millions d'Haïtiens sont appelés aux urnes dimanche pour choisir un successeur au président René Préval parmi les 19 candidats en lice. En parallèle, les électeurs devront également élire 11 sénateurs et 99 députés dans le cadre des législatives.