L'ambassadeur américain à Harare s'en est de nouveau pris au régime du président zimbabwéen Robert Mugabe, l'accusant de vivre "dans le luxe et la corruption pendant que le pays s'enfonce dans le chaos économique et humanitaire". L'ambassadeur a révélé qu'Harare est en train d'acheter des centaines de limousines pour les ministres, gouverneurs et chefs militaires, ainsi que des télévisions à écran plasma pour les juges ! Ces achats, pour commémorer le cinquième nouveau mandat de Mugabe, interviennent au moment où les populations sont frappées de choléra faute de produits de purification de l'eau. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), l'épidémie de choléra qui a éclaté au Zimbabwe début août a fait près de 800 morts et continue de se propager. Selon plusieurs agences internationales, 60 000 personnes pourraient contracter le choléra ces prochaines semaines et environ cinq millions de Zimbabwéens auront besoin dès janvier d'une aide alimentaire. Cette crise humanitaire, qui révèle outre le délabrement des réseaux d'eau et d'assainissement, la déconfiture du système de santé au Zimbabwe, intervient dans un pays plongé dans un terrible marasme économique, avec une inflation incontrôlable, et politiquement paralysé. La situation est si grave que le ministre de l'Information de Mugabe, en guise de défense, affirme que l'épidémie de choléra était "un génocide" conduit par la Grande-Bretagne ! La pression internationale s'accentue sur le régime de Mugabe, la caricature de l'autoritarisme made in Afrique. Washington, Londres, Paris et Bruxelles sont sortis de leur réserve diplomatique en appelant publiquement au départ de Robert Mugabe. Pour le premier président américain de couleur, Mugabe n'est plus utile au Zimbabwe. "Un seul homme entouré de sa bande tient le pays en otage et le Zimbabwe est en train de tomber rapidement au niveau d'un Etat défaillant", a déclaré, lors d'une conférence de presse à Washington, l'ambassadeur américian à Harare. Mugabe ne tient que grâce au parapluie de ses voisins de l'Afrique du Sud. Jusqu'à quand ? D. B.