Le Saint patron Cheikh Muhand l'hocine (1838-1901) est "l'incarnation même de la popularité de la culture islamique au pays des Zouaouas" (la Kabylie actuellement), ont estimé les participants à une conférence organisée mardi à Boumerdès. Les chercheurs et professeurs ayant pris part à la "Caravane scientifique pour la mise en exergue des valeurs spirituelles dans la culture amazighe", dont la première halte a eu lieu à Boumerdès, ont axé sur le "mérite de cet illustre personnage, dont la renommée a dépassé les frontières algériennes", au regard de "son immense legs à la postérité, à savoir une ligne de conduite exemplaire durant son vivant, ainsi que des proverbes, dictons populaires et poèmes religieux, inspirés du saint Coran et du Hadith". Dans sa conférence intitulée "Cheikh Muhand L'hocine : un sage façonné par l'Islam", le chercheur Mohand Arezki Ferrad a estimé que ce Cheikh est l'une des personnalités parmi les Saints d'Allah (awliaa Allah essalihine) qui a pu interpréter et transmettre avec dévouement le sens des versets coraniques vers la langue Amazighe". Il a soutenu que Cheikh Muhand L'hocine a réussi dans cette tâche, "malgré le fait qu'il ne doit sa culture qu'à ses contacts avec des gens de sciences de l'époque, sachant qu'il n'a fréquenté aucune école, hormis celle de la vie". Selon M. Ferrad, le Cheikh était "d'une modestie incomparable en dépit du rang social qu'il a pu acquérir avec le temps". "C'est d'ailleurs cette modestie qui lui valut la confiance de larges couches de la société de l'époque, dont un grand nombre de sujets le consultaient sur diverses affaires sociales, notamment conflictuelles, plutôt que de s'en référer à l'administration coloniale", a t-il indiqué. Sage qu'il fut, cheikh Muhand était, en outre, un adepte de l'éducation soufie et de la législation islamique selon la conception malékite, qu'il considérait, selon M. Ferrad, "adaptée à la spécificité géographique et historique de la région", tout en estimant que "les fléaux sociaux et les vices pouvaient être combattus par une éducation vertueuse et la sacralisation du travail". Pour sa part, le Dr Ahmed Hamdi de l'université d'Oran a mis l'accent, dans sa communication, sur "le rôle des Amazigh dans la propagation de l'Islam dans le grand Maghreb et l'Afrique", sur le rôle des Amazigh qui s'étaient convertis volontairement à l'Islam, dans la diffusion de cette religion vers de nombreux pays d'Afrique, notamment sous le règne des Al Moravides qui avaient adopté l'Islam durant l'ère d'Okba Ben Nafâa. Ce rôle est particulièrement visible dans la région du Maghreb, sous le règne de l'empire des Al Mohad (Al Mouahidoune), grâce à Mehdi Ben Toumert, avant qu'ils prennent également part à la conquête de l'Andalousie, a-t-il expliqué. A noter que cette caravane, organisée sous l'égide du ministère des Affaires religieuses et du wakf, sillonnera plusieurs wilayas du pays où sont programmées des conférences animées par des professeurs et chercheurs issus de plusieurs universités du pays.