Une campagne nationale de protection des femmes et des enfants du sida en Algérie, "Himaya", sera lancée le 1er décembre à partir de la wilaya de Ghardaïa, a indiqué mercredi à Alger Dr. Skander Abdelkader Soufi, président de l'Association de lutte contre les infections sexuellement transmissibles et de promotion de la santé, Aniss. "6.000 à 12.000 femmes seraient contaminées par le virus du sida en Algérie", a affirmé Dr. Soufi lors d'une conférence-débat organisée à El Moudjahid, ajoutant qu'une intervention pour la sensibilisation et l'information de cette catégorie "s'impose".Les femmes et les enfants sont aujourd'hui en première ligne de l'épidémie, a-t-il mis en garde. S'agissant du choix de la wilaya de Ghardaïa pour le coup d'envoi de cette campagne, dont les activités s'étaleront sur une année à travers l'ensemble du territoire national, Dr. Soufi a assuré qu'il est "loin d'être fortuit". "L'accès à l'information concernant la santé sexuelle est très limité aux femmes dans notre société (qui reste) conservatrice", a-t-il relevé, précisant que le choix de la wilaya de Ghardaïa "vise à casser le tabou". Il a souligné que la contamination par le virus HIV "ne concerne pas uniquement les femmes marginalisées et les travailleuses du sexe, mais aussi les femmes au foyer". Beaucoup de mères de famille apprennent leur maladie après le décès de leur conjoint, a-t-il dit, ajoutant qu'elles se retrouvent ainsi "veuves, malades et stigmatisées". Il a, par ailleurs, relevé que seulement 8% des femmes vivant avec le sida ont accès aux services de prévention de la transmission du HIV de mère à enfant. "Elles n'ont tout simplement pas accès à ce service qui peut protéger leurs enfants de la maladie parce qu'elles ignorent son existence", a-t-il regretté, ajoutant que cette situation favorise l'augmentation du nombre d'enfants atteints. Dr. Soufi a, en outre, indiqué que le travail du réseau universitaire de l'association Aniss a révélé que des étudiants domiciliés dans des résidences universitaires représentent en Algérie un des groupes les "plus exposés", après les travailleurs de sexe, les consommateurs de drogues injectables et les homosexuels. S'agissant de la prise en charge des personnes vivant avec le HIV, Dr. Soufi a indiqué que le ministère du Travail étudie la proposition de l'association pour le classement du sida comme une maladie chronique. "Les personnes atteintes du sida se comptent en quelques milliers seulement et le classement de la maladie comme chronique ne consistera donc pas un fardeau pour la sécurité sociale", a-t-il estimé.Il a reconnu, à ce propos, que la prise en charge des personnes atteintes du HIV connaît des insuffisances, notamment en matière de disponibilité de médicaments et de remboursement par la sécurité sociale.