Le nombre de cas déclarés au cours du premier semestre 2009 est le double de celui enregistré durant l'année 2008. Le chiffre fait peur, inquiète et interpelle les citoyens à la mobilisation et surtout à la prévention. Durant les six premiers mois de l'année en cours, l'Algérie a enregistré 144 nouveaux cas de sida, selon le président du Comité national de lutte contre les maladies sexuellement transmissibles et sida (Cnlist-Sida), Abdelwahab Dif. A la veille de la célébration, le 1er décembre, de la Journée mondiale de lutte contre le sida, le Pr Dif a indiqué que le nombre de cas déclarés au cours du premier semestre 2009 était pratiquement le double de celui enregistré durant l'année 2008 (60 cas). 553 cas séropositifs ont été dénombrés au premier semestre de l'année en cours, a-t-il dit, contre 585 durant toute l'année écoulée. Le Pr Dif, chef de service à l'hôpital Laâdi-Flici (ex-El Kettar), a estimé que «la prévention est le seul moyen de mettre fin à la propagation du VIH bien que le nombre des personnes infectées en Algérie soit nettement inférieur à celui enregistré dans d'autres pays». «Le sida gagne de plus en plus de terrain en Algérie. L'heure n'est plus aux tabous et au conformisme stérile». C'est en ces termes directs, sans équivoque que le rappeur algérien Lotfi Double Kanon a commencé son intervention lors de la conférence-débat animée, hier, par l'association «Aniss» pour la lutte contre le sida et la promotion de la santé, au centre de presse d'El Moudjahid. Pour ce qui est de la propagation du sida dans les milieux de la prostitution, il a avancé que «99% des hôtels en Algérie, qu'ils soient privés ou publics, font dans la prostitution. La plupart des prostituées exercent ce métier pour subvenir à leurs besoins». Quant à la gent masculine, il a expliqué qu'une grande majorité préfère passer directement à l'acte sexuel, négligeant le danger de contamination, au lieu de se diriger vers une pharmacie pour acquérir le moyen de protection. «C'est également tabou», a-t-il ajouté alors que même dans les sociétés les plus éclairées, les tabous nuisent aux causes qu'elles prétendent servir. Pis encore, il a avoué avoir rencontré des personnes qui n'ont jamais vu un préservatif ou qui ne savent même pas à quoi il sert. «J'ai vu des gens, dans certaines régions du pays, notamment celles de l'intérieur mettre les préservatifs aux bébés pour ne pas qu'ils mouillent les tapis quand ils pissent». Le jeune chanteur a également mis en exergue le risque encouru par les supporters de l'Equipe nationale qui se rendront en Angola et en Afrique du Sud de contracter des maladies sexuellement transmissibles à l'instar du sida. «Il faut qu'ils soient sensibilisés autour de la question. Plus, ils faut que des préservatifs leur soient fournis gratuitement au niveau des aéroports.» Le Dr Abdelkader Skander, président de l'association "Aniss", lui, et en l'absence de statistiques crédibles tant il y a des personnes contaminées, mais qui ne le savent pas, a évoqué le droit humain à la prévention, car en la matière, «on ne fait jamais assez». «Une prévention dont devraient bénéficier également une grande partie des populations exclues comme celles résidant dans des régions à faible couverture sanitaire, les femmes, les migrants clandestins et les handicapés», a-t-il déclaré. L'assistance a écouté, à la fin de la conférence, le témoignage émouvant de Salim, jeune sidéen venu de la wilaya de Annaba. Ce dernier a profité de l'occasion pour lancer un appel à la mobilisation de tous pour l'information et la sensibilisation de tous afin de barrer le chemin à ce mal foudroyant. Il a appelé également à ce que «cette maladie soit considérée comme toutes les autres, et que les personnes qui y sont atteintes ne soient pas mises en quarantaine comme si le simple fait de s'asseoir avec elles ou de leur adresser la parole pouvait être contaminant». A quand d'autres rencontres de ce genre?