Le défunt penseur algérien Malek Bennabi appréhendait la crise économique capitaliste sous deux angles: technique et doctrinal, a indiqué mercredi à Alger l'analyste économique algérien Bachir Messitfa. Intervenant lors d'une conférence organisée par le centre des études et recherches stratégiques "Amel El Ouma" à l'occasion du 37eme anniversaire du décès de ce penseur sous le titre "Lecture dans la crise financière mondiale à travers la pensée de Bennabi", M. Messitfa a souligné que l'aspect technique de la crise était lié "aux modes de travail des banques qui considèrent l'argent comme une marchandise qui se vend et s'achète". L'aspect doctrinal est lui en relation avec le profil psychologique et social qui sous-tend le comportement capitaliste dans les banques, selon l'intervenant. Malek Bennabi qui était, selon le conférencier, beaucoup plus penseur et philosophe qu'économiste, avait soutenu l'absence de l'aspect technique dans le fikh musulman. Dans sa vision de l'économie et du marché, a-t-il poursuivi, Malek Bennabi "se basait sur la règle qui place au même niveau la consommation et la production et qui atteste que le travail était à l'origine de la richesse". Pour l'intervenant et partant de cette vision, la crise financière mondiale de 2008 était "la résultante d'un cumul capitaliste non productif" où "la spéculation avait atteint l'apogée produisant une économie illusoire".Bennabi, a-t-il dit, avait abordé l'idée de l'économie commune et unitaire ce qui a amené, selon lui, le penseur à considérer que le mode économique "doit aller de paire avec le degré de développement et de conscience de la société". Intervenant sur le sujet, Tayeb Yacine, enseignant d'économie à l'université de Delly Brahim a, pour sa part, évoqué les causes de la crise financière mondiale qu'il a liée à la nature du système capitaliste qui passe, selon lui, par des crises successives et porte en son sein les causes de sa propre perte. Pour lui, la crise financière mondiale "a amené l'Algérie à reconsidérer sa politique financière et économique", appelant, à ce propos, à revoir le rôle de l'Etat sur le marché au moyen de l'autorité de contrôle". L'économiste Ahmed Benbitour qui est intervenu lors des débats, a quant à lui, a insisté sur la question du transfert technologique dans la production de la crise financière et à travers le passage, par le mode capitaliste, de l'industrie aux technologies de l'information et de la communication.