Rehaussé par la présence de la fille de Malek Bennabi, Rahma, l'ancien ministre du Commerce, Noureddine Boukrouh, a présenté, hier, à la Bibliothèque nationale d'Algérie (BNA), son tout dernier ouvrage intitulé L'islam sans l'islamisme, vie et pensée de Malek Bennabi, chez l'édition Samar. D'emblée, le directeur général de la BNA, Amine Zaoui, en sa qualité de modérateur, souligne que le penseur algérien, Malek Bennabi, avait été victime de préjugés superficiels de la part de l'intelligentsia de son pays où il avait vécu « sous embargo ». Le docteur Zaoui indique que le livre de Boukrouh recèle des concepts clés pour assimiler les théories politique, civilisationnelle et économique de Bennabi. Pour sa part Rahma Bennabi, qui avait préfacé le livre à partir de Los Angeles, a cédé à l'émotion en considérant ce livre comme un « soutien moral » pour son père qui « avait connu des tracasseries inimaginables dans l'accomplissement de ses travaux ». Après quoi, elle lance la sentence : « Nous vivons une crise civilisationnelle, au niveau individuel et collectif, mais aussi au niveau mondial. » Rahma recommande d'adopter les critiques « audacieuses » de Bennabi pour que les Arabes et les Musulmans retrouvent leur salut. Pour elle, le défi consiste à passer de l'Islam de la « colère » à l'Islam « rationnel ». Rahma, qui déplore le fait que les travaux de Bennabi ne sont pas exploités, demande de simplifier la pensée bennabienne pour qu'elle soit intégrée dans les écoles et les universités. L'auteur, lui, a essayé d'expliquer le pourquoi de ce livre tout en reconnaissant la lourdeur de la tâche. En effet, M. Boukrouh a tenté d'identifier l'école de pensée à laquelle pourrait appartenir Malek Bennabi. Pour ce faire, l'auteur a scindé son livre en deux parties : La vie, la pensée de Bennabi. Dans un portrait remarquablement fouillé, M. Boukrouh, dans la première partie, décortique la vie de Bennabi, un homme complexe et fascinant, depuis sa naissance en 1905 jusqu'à sa mort en 1973, en passant par ses études à Paris en 1930 et ses conférences en Egypte, en Europe et aux Etats-Unis. Dans la seconde partie, l'auteur plonge dans la pensée sinueuse de Bennabi, que beaucoup de spécialistes comparent au phénomène Ibn Khaldoun. Ainsi, le lecteur découvrira un Bennabi avant-gardiste, qui a traité de la mondialisation, de la théorie de la civilisation, de la théorie économique, de la crise de l'Occident, mais aussi de la problématique de la renaissance. Pour l'auteur, les questionnements suscités par le penseur algérien, revendiqué par l'ensemble du monde arabo-musulman, demeurent d'une actualité brûlante de par leur pertinence. Dans ce sens, M. Boukrouh, tout en relevant que l'Islam est devenu le problème sécuritaire numéro un dans le monde, souligne que les théories de Bennabi ont surtout besoin de mise en œuvre. « L'Islam n'a pas besoin dans la situation actuelle de tribuns et de charlatans, mais de penseurs véritables et d'éducateurs sociaux comme Bennabi », a conclu l'auteur. Le livre, qui sera incessamment traduit en arabe et pourquoi pas en tamazight, est vendu à 850 DA.