La situation dans la péninsule coréenne connaissait dimanche une montée de tension entre les deux Corées, au début des manœuvres aéronavales américano-sud-coréennes, alors que les pays voisins ont exprimé leur inquiétude, réitérant leur appel à la retenue afin d'éviter une escalade militaire. Quelques jours seulement après les échanges de tirs entre les deux Corées provoqués par des tirs d'obus nord-coréens sur l'île sud-coréenne de Yeonpyeong, la Corée du Nord a menacé dimanche de riposter à toute intrusion dans son espace maritime, en réponse à ces manœuvres militaires qui se déroulent en mer Jaune. "La Corée du Nord entreprendra une contre-attaque militaire sans pitié à la moindre tentative d'introduction dans son espace maritime, à l'avenir", a indiqué un communiqué officiel. "Les provocations militaires intolérables" du sud entrent "dans le cadre de leur programme brutal de défense de leur ligne de limite du Nord", a estimé Pyongyang, avertissant que si "les Etats-Unis amènent finalement leur porte-avions en mer Occidentale (la mer Jaune), personne ne peut en prévoir les conséquences". Elle a ajouté que la situation dans la péninsule "progresse lentement vers la guerre, en raison de l'initiative imprudente des protagonistes impulsifs". L'état-major des armées sud-coréen a indiqué pour sa part que ces exercices militaires communs avec les Etats-Unis s'étaleront sur une période de quatre jours, sans toutefois préciser la localisation exacte des entraînements en mer Jaune, près des côtes de la péninsule coréenne. Pour Washington, ces manœuvres sont une démonstration de force visant à "renforcer la dissuasion contre la Corée du Nord" et à éviter de nouvelles hostilités à la frontière entre les deux Corées. De crainte d'une escalade militaire dans la péninsule, la Corée du Sud a appelé les journalistes installés sur l'île de Yeonpyeong, frappée mardi dernier par des tirs d'obus nord-coréens qui ont fait quatre morts, à rejoindre le continent. Près de 400 journalistes sont actuellement sur l'île de Yeonpyeong, selon l'agence de presse sud-coréenne Yonhap, alors que la plupart des quelque 1.300 habitants de l'île se sont réfugiés sur le continent après les derniers événements. Ce regain de tension entre les deux Corées a suscité de nouveau l'inquiétude de la communauté internationale, notamment des pays voisins les plus proches, dont la Chine, le Japon et la Russie, tous impliqués dans les pourparlers à Six sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne. La Chine, qui a appelé à maintes reprises à la retenue et au calme entre les deux pays, a proposé d'accueillir début décembre à Pékin des consultations d'urgence des pays engagés dans les négociations à Six sur nucléaire nord-coréen "pour échanger les points de vue sur les sujets de forte préoccupation actuellement". Allié traditionnel de la Corée du Nord, Pékin a accueilli avec inquiétude et irritation les manœuvres militaires conjointes entre les Etats-Unis et la Corée du Sud, en soulignant son opposition à "toute action militaire non autorisée à l'intérieur de la zone économique exclusive de la Chine". Ces exercices militaires interviennent au moment de la visite du conseiller d'Etat chinois Dai Bingguo à Séoul, où il a rencontré le président sud-coréen Lee Myung-bak. Les deux responsables ont convenu que les Corées du Sud et du Nord "devraient engager un dialogue sérieux en vue de réduire les tensions et défendre l'intérêt général de la paix et la stabilité dans la péninsule coréenne". De son côté, le Japon, par la voie de son Premier ministre Naoto Kan, a affirmé qu'il suivait de près l'évolution de la situation dans la péninsule coréenne après le début des man£uvres militaires conjointes américano-sud-coréennes, tout en maintenant en état d'alerte les forces d'auto-défense et les activités de surveillance dans les eaux et l'espace aérien environnants. La Russie a appelé les deux Corées à la retenue et à s'abstenir de prendre des mesures susceptibles de conduire à de nouvelles pertes en vies humaines, tout en espérant que le Conseil de sécurité de l'ONU pourrait s'exprimer sur la situation dans les prochains jours. L'Association des nations du sud-est asiatique (Asean) a également appelé dimanche toutes les parties impliquées au calme et à la retenue et à éviter toute action qui pourrait envenimer la situation.