Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, est intervenu mardi à Tripoli sur le thème "Paix et sécurité", à l'occasion du deuxième et dernier jour du 3e sommet Afrique-Union européenne qui se déroule en Libye. Voici le texte intégral : "Messieurs les co-présidents, Les progrès enregistrés en Afrique dans le domaine du rétablissement de la paix et de la sécurité ont, dans une large mesure, favorisé la relance de la croissance dans une grande partie du continent. C'est avec satisfaction que nous relevons que le partenariat qui lie l'Afrique et l'Europe met en valeur les interactions entre la paix et la sécurité, la gouvernance, les droits de l'homme et le développement économique et social. Un dialogue structuré est en place depuis le sommet de Lisbonne sur l'ensemble de ces aspects, impliquant à la fois nos pays et les institutions de nos unions respectives. Nous nous félicitons de la ferme volonté manifestée ici par tous de poursuivre et intensifier ce dialogue. Nous devons viser dans ce cadre à donner encore plus de cohérence et d'efficacité à l'effort de prévention et gestion des crises, et de règlement des conflits ainsi que pour une stratégie intégrée pour faire face aux défis de la reconstruction post-conflit. Dans ce même contexte, nous sommes interpellés de manière toute particulière et urgente par certains conflits qui devraient voir l'Europe joindre ses efforts à ceux de l'Afrique. C'est le cas de la situation en Somalie où des efforts euro-africains conjoints seraient de nature à susciter une action plus conséquente du Conseil de sécurité et de la communauté internationale pour permettre à ce pays de progresser sur la voie de la paix et de la reconstruction de son Etat et de son économie. C'est le cas aussi au Darfour où nous attendons de l'Europe un accompagnement et un encouragement constant à l'oeuvre de réconciliation nationale dans le cadre du processus de Doha. De même, s'agissant du Sud-Soudan, l'Europe a un rôle important à assumer en matière d'appui aux efforts de l'Union africaine, de la Ligue arabe et des parties soudanaises pour la mise en oeuvre de l'Accord de paix global. Au-delà des crises locales ou régionales, les défis sécuritaires globaux devraient aussi faire l'objet d'un dialogue et d'une coopération renforcés. Il en est ainsi des fléaux transnationaux que sont le terrorisme, le trafic de drogue et d'armes et leurs liens réciproques. L'Europe et l'Afrique ont tout à gagner d'un dialogue plus intense et d'initiatives conjointes pour développer les échanges d'informations, démanteler les bases arrières du terrorisme, en tarir toutes les sources de financement, y compris les paiements de rançons, et coopérer davantage dans le domaine du renforcement des capacités institutionnelles et humaines. En ce qui concerne certaines régions de l'Afrique vulnérables en raison de leur fragilité économique et des aléas liés aux sécheresses cycliques, une attention plus soutenue devrait porter sur le traitement des problèmes de développement économique et social qu'elles connaissent. La mise en oeuvre de l'Architecture africaine de paix et sécurité a déjà atteint un stade avancé et constitue un succès qui a été facilité par les apports européens. Son parachèvement est une tâche qui pourra être menée à bien dans les meilleures conditions avec la coopération continue de l'Union européenne. Ceci vaut pour compléter la mise en place de la force africaine en attente, doter le système d'alerte rapide des outils adéquats pour son fonctionnement, et renforcer les capacités en matière de formation. Point n'est besoin de souligner l'importance cruciale de l'objectif du Plan d'action 2011-2013 concernant la mobilisation de financements sur une base prévisible et durable et de moyens logistiques pour les opérations africaines de paix. En effet, il conditionne la capacité africaine de déploiement opérationnel, car les moyens matériels font souvent défaut. Les recommandations à ce sujet contenues dans le rapport Prodi devraient inciter l'Union européenne et l'Afrique à oeuvrer conjointement pour leur adoption par les instances compétentes des Nations unies. Mais il est tout aussi important que l'excellente coopération engagée avec l'Union européenne se poursuive et se renforce.