Les démocrates ont échoué samedi à faire adopter par le Sénat une loi proposant la suppression des avantages fiscaux pour les riches contribuables et leur prolongement pour les seuls contribuables des classes moyennes. Mis en place en 2001 et 2003 par George W. Bush à l'époque où les Etats-Unis connaissaient la prospérité économique, ces allègements fiscaux, arrivant à expiration à la fin de l'année 2010, faisaient l'objet de négociations depuis plusieurs semaines à travers lesquelles le président Barack Obama souhaitait y mettre un terme pour les plus nantis et les maintenir uniquement pour les contribuables moyens, alors que le parti républicain souhaite les prolonger pour tous. Mais lors de son passage au vote au Sénat, le texte a reçu 53 voix favorables contre 36, sachant qu'un texte ne peut être adopté qu'à travers une majorité qualifiée de 60 voix sur les 100 membres que compte la chambre haute du Congrès. Les républicains, confortés par leur large victoire aux élections de mi-mandat du 2 novembre, n'ont laissé entrevoir aucune concession sur les réductions d'impôts qu'ils veulent voir pérennisées pour tous les Américains, quels que soient leurs revenus. Cependant, le chef de la Maison blanche entendait placer sous condition de revenus ces abattements fiscaux, les réservant aux foyers gagnant moins de 250.000 dollars par an pour les familles, 200.000 dollars pour les personnes seules, et préservant de ce fait les recettes fiscales de son administration. Les Etats-Unis, selon lui, ne peuvent se permettre un cadeau fiscal estimé à 700 milliards de dollars sur dix ans alors que le pays connaît un déficit budgétaire sans précédent. S'adressant jeudi à plus de 20 gouverneurs nouvellement élus, Obama avait fait part de son optimisme quant à la possibilité de trouver un terrain d'entente entre les démocrates et les républicains pour parvenir à des accords sur des questions cruciales dans les prochaines semaines, dont celle de cette loi fiscale. Des négociations entre élus démocrates et républicains avaient débuté mercredi avec l'idée de parvenir à des résultats avant la fin de l'année. Pour les superviser, Barack Obama a désigné le secrétaire au Trésor Tim Geithner et le directeur du Budget Jack Lew. Outre la fiscalité, l'autre vote crucial prévu dans les prochains jours au Congrès est celui des allocations chômage dont la durée arrivera à échéance le 31 décembre 2010. Malgré les appels répétés du président Obama pour la prorogation de la durée de ces indemnités, des membres du Congres, républicains et démocrates conservateurs, y sont contre avançant comme argument la discipline budgétaire qui, selon eux, doit être prioritaire alors que la situation financière du pays affiche une dette publique de près de 14.000 milliards de dollars et un déficit budgétaire de 1.300 milliards de dollars. Aux Etats-Unis, la période maximale d'indemnisation pour chômage est actuellement fixée à 99 semaines. Selon le directoire des conseillers économiques du président Obama, sans la prolongation de la durée de cette prestation sociale, deux millions d'Américains en décembre en cours et près de sept millions au cours de l'année 2011 perdront ce soutien temporaire. Pour le président du comité des conseillers économiques à la Maison Blanche, Austan Goolsbee, "laisser des millions d'Américains tomber dans la misère va nuire à l'économie américaine qui est à un point critique de son redressement et sapera les dépenses de consommation", a-t-il mis en garde, sachant que la consommation représente 70 % du PIB américain. Aux Etats-Unis, le taux de chômage tourne autour des 10 %, correspondant à 15 millions de chômeurs.